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Biodiversité, faune & conservation
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18 janvier 2020

Rhinocéros blanc du Nord : un troisième embryon conçu par fécondation in vitro

Le mois dernier, des chercheurs ont de nouveau prélevé des ovocytes de rhinocéros blanc du Nord (Ceratotherium simum cottoni) et fécondé avec succès l’un deux dans l’espoir de sauver cette sous-espèce désormais uniquement représentée par deux femelles, a annoncé mercredi 15 janvier 2020 l'Institut Leibniz pourla recherche sur la faune sauvage et de zoo (IZW) de Berlin, en Allemagne.

Une opération similaire avait déjà réussi en août 2019. La fécondation artificielle de sept cellules sexuelles issues des deux survivantes par du sperme congelé de deux mâles disparus - baptisés Saut et Suni - avait permis le développement de deux « purs » embryons viables.

Cette intervention a donc été répétée mercredi 17 décembre 2019. Vivant dans la réserve kényane d’Ol Pejeta, Fatu et Najin ont subi une anesthésie générale avant le prélèvement de neuf ovocytes : trois à Najin, née le 11 juillet 1989 au zoo tchèque de Dvůr Králové, et six à sa fille Fatu, venue au monde le 29 juin 2000 dans ce même établissement animalier d'Europe centrale.

Comme la première fois, ces cellules sexuelles ont ensuite été envoyées au laboratoire italien spécialisé Avantea. Là, à Crémone, elles ont été incubées puis mises au contact de spermatozoïdes.

« Un ovule de Fatu fécondé avec du sperme de Suni est devenu un embryon viable, précise l'IZW. Sûre et reproductible, la procédure peut être effectuée régulièrement », assure l’organisme de recherche créé en 1973 sous l'égide de l'Académie des sciences de la République démocratique allemande (RDA). Cet embryon est désormais conservé dans de l'azote liquide avec les deux autres produits en août 2019. Tous trois ont été obtenus avec des ovocytes de Fatu et la semence de Suni, mort de causes naturelles le 17 octobre 2014 à Ol Pejeta.

« La production de ce troisième embryon provenant de Fatu prouve que le programme BioRescue est sur la bonne voie, se félicite le Pr Thomas B. Hildebrandt, chef du département « gestion de la reproduction » de l’IZW. Désormais, notre équipe va tout mettre en œuvre pour parvenir au même résultat avec Najin, avant qu'il ne soit trop tard pour elle. Et nous sommes bien déterminés à transférer un embryon de rhinocéros blanc du Nord dans une mère porteuse dès 2020 afin d’assurer la survie de cette sous-espèce. »

SUDAN

Baptisé Sudan, le dernier rhinocéros mâle du Nord s’est éteint lundi 19 mars 2018 à l’âge de 45 ans dans la réserve kényane d’OI Pejeta. Né en 1973, il fut capturé en février 1975 dans l’actuel Soudan du Sudavec un autre mâle (Saut, alors âgé de 3 ans) et quatre femelles (Nola, Nuri, Nadi et Nesari) pour le compte du zoo de Dvůr Králové. Il y devint le père de Nabire et Najin, respectivement venues au monde en 1983 et 1989, avant d’être transféré le 20 décembre 2009 à la réserve d'Ol Pejeta en compagnie de sa fille Najin, de sa petite-fille Fatu et de Suni, né le 8 juin 1980 dans le parc animalier tchèque (photo Lengai101 avant l’autorisation de Michael Dalton-Smith).

Une affaire de famille

Tous ses pairs ne souscrivent cependant pas à l’optimisme du chercheur. Selon Jacques Rigoulet, vétérinaire et ancien directeur de la Ménagerie du Jardin des Plantes de Paris (2004-2009), la survie du rhinocéros blanc du Nord relève de l’utopie, faute d’une diversité génétique suffisante. « Sauver cette sous-espèce était envisageable il y a vingt ans, lorsqu’elle comptait encore deux ou trois dizaines de spécimens mais, désormais, il est beaucoup trop tard », assurait en 2018 cet expert auprès de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites).

Un avis alors partagé parTerri Roth, en charge du centre pour la conservation et la recherche sur les espèces menacées d'extinction (Center for Conservation and Research of Endangered Wildlife / CREW), et William Swanson, directeur de la recherche animale au sein de cette structure créée en 1986 par le jardin zoologique et botanique de Cincinnati, dans l’Ohio (États-Unis).« Il est improbable qu'une population viable de rhinocéros blancs du Nord soit restaurée », estimaient en substance ces spécialistes n'ayant pas participé aux travaux conduits par l’IZW. « Des résultats impressionnants dans une boîte de Pétri ne signifient pas forcément un troupeau de petits en bonne santé... »

De fait, les trois embryons ont été conçus avec les gamètes d’individus très étroitement apparentés. Issu du milieu naturel et mort en août 2006 au zoo de Dvůr Králové, Saut est en effet le père de Fatu et Suni. Et la génitrice de ce dernier, Nasima, est aussi celle de Najin, la mère de Fatu…

Toutefois des travaux sont actuellement menés à partir de cellules souches de tissus congelés d’autres spécimens pour fabriquer des gamètes artificiels et diversifier ainsi le pool génique.

Pour autant, cette consanguinité ne tempère pas l’enthousiasme des autorités kényanes. « Nous sommes heureux que le projet de fécondation in vitro mené par un consortium de scientifiques et d'écologistes du Kenya, de la République tchèque, d'Allemagne et d'Italie soit parvenu à produire trois purs embryons de rhinocéros blancs du Nord prêts à être implantés dans l’utérus d’une femelle rhinocéros blanc du Sud », s'est réjoui le ministère local du tourisme et de la faune. 

Souffrant pour la première d’une fragilité de l’arrière-train et de lésions dégénératives de l'utérus pour la seconde, Najin et Fatu ne sont plus en mesure de devenir gestantes. Envisagée dès cette année, la prochaine étape consistera donc à sélectionner une mère porteuse au sein de la population de rhinocéros blanc du Sud (C. s. simum). Si celui-ci est considéré comme « quasi menacé » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), son « cousin » septentrional est classé depuis 1996 « en danger critique » d’extinction sur la liste rouge de l’ONG mondiale.

À terme, l'objectif est de réintroduire des rhinocéros blancs du Nord dans certaines zones protégées de leur aire de répartition originelle. S’il aboutit, ce projet pourrait prendre plusieurs décennies.

Tournée jeudi 22 août 2019, cette vidéo présente le prélèvement, à l'aide d'une sonde guidée par des ultrasons, de dix ovocytes - cinq par femelle - sur Najin et Fatu. Sept ont pu être inséminés artificiellement grâce à des échantillons de sperme cryogénisé.

 

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