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Biodiversité, faune & conservation
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22 mars 2021

L’Inde se prépare à accueillir ses premiers guépards africains

Alors que les premiers guépards africains destinés à être relâchés sur le sous-continent sont attendus d’ici fin 2021, deux équipes de spécialistes – l'une de Namibie et l'autre d'Afrique du Sud – arriveront cette semaine en Inde afin de former les agents forestiers et les experts de la faune sauvage à la manipulation, à la réhabilitation, aux soins médicaux et aux diverses exigences de la conservation de ce grand félin. Le guépard a été déclaré éteint par le gouvernement indien en 1952, les trois derniers  individus connus ayant été abattus en 1947 par le maharaja Ramanuj Pratap Singh Deo de Koriya, une région sise dans l’actuel État du Chhattisgarh.

Le 28 janvier 2020, la Cour suprême de l’Inde a donné son accord pour la réintroduction de guépards originaires de Namibie, validant un programme initié dès 2009 (voir http://biofaune.canalblog.com/archives/2020/01/29/37982898.html). En 2013, la plus haute juridiction du pays avait pourtant rejeté une première demande adressée par le ministère de l'environnement, estimant alors qu'aucune étude scientifique ne recommandait cette stratégie.

GUEPARD D'AFRIQUE AUSTRALE DANS LE SUD NAMIBIEN

Guépard dans le sud de la Namibie, pays d’Afrique australe dont seront originaires les premiers spécimens relâchés dans le parc national indien de Kuno (photo Joachim Huber).

Le parc national de Kuno, premier élu

Depuis, un comité d'experts, composé notamment de représentants du Wildlife Trust of India (WTI)), de l’antenne indienne du Fonds mondial pour la conservation (WWF-India), de l'autorité nationale de conservation des tigres (National Tiger Conservation Authority / NTCA) et de fonctionnaires fédéraux comme de divers États, a terminé l’évaluation des six sites présélectionnés : la réserve de tigres de Mukundara Hills et le sanctuaire de faune de Shergarh au Rajasthan, ainsi que les parcs nationaux de Kuno, de Madhav et les sanctuaires faunistiques de Gandhi Sagar et de Nauradehi au Madhya Pradesh. Ces aires protégées, déjà été évaluées en 2010, ont été de nouveau inspectées. Finalement, le comité a retenu le parc national de Kuno, « prêt à accueillir les premiers guépards avec un minimum d’ajustements ».  Le sanctuaire faunistique de Gandhi Sagar remplit aussi les critères exigés.

Couvrant près de 750 km2, le parc national de Kuno était pressenti depuis 2006 pour la relocalisation du lion d’Asie. « Bien que guépards et lions puissent partager le même territoire, la Cour suprême avait estimé en 2013  que cela n'était pas pertinent », rappelle le Dr Yadvendradev Vikramsinh Jhala, doyen de l’Institut indien de la faune sauvage (Wildlife Institute of India / WII) et membre du comité d'experts. « Or, malgré l’injonction des magistrats, le lion n’a pas été réintroduit dans cet espace, d’où le feu vert accordé par la Cour l’an dernier. Toutefois, un unique site ne peut suffire pour maintenir une population saine de guépards en Inde. Nous allons donc améliorer les autres sites offrant des habitats favorables, afin de pouvoir relâcher des guépards dans au moins quatre ou cinq zones au cours des cinq ou six prochaines années et, à terme, de remettre en liberté 35 à 40 de ces prédateurs sur les sites identifiés. Cette année, nous commencerons par accueillir huit guépards à Kuno. »

LE MAHARAJAH RAMANUJ PRATAP SINGH DEO ET LES 3 DERNIERS GUEPARDS INDIENS ABATTUS EN 1947

Le maharajah Ramanuj Pratap Singh Deo posant devant les trois derniers guépards d’Asie connus ayant vécu à l’état sauvage en Inde. Ces félins furent abattus de nuit dans l’actuel district de Surguja (photo secrétaire privé dumaharaja Ramanuj Pratap Singh Deo).

Villages déplacés

L’aménagement des sites concernés passe notamment la relocalisation de certains villages, le contrôle du pâturage des troupeaux domestiques et l’augmentation du nombre de proies du guépard avec le transfert d’antilopes cervicapres (Antilope cervicapra), de cerfs axis (Axis axis), de chinkaras (Gazella bennettii) ou encore de sangliers indiens (Sus scrofa cristatus).

Dans l’ex-sanctuaire faunique de Kuno, en raison du projet concernant les lions du Gujarat (lire

http://biofaune.canalblog.com/archives/2021/02/24/38833794.html), le département des forêts du Madhya Pradesh a déjà déplacé un certain nombre de villages et a érigé, en  2018, cette réserve au rang de parc national, permettant « une récupération remarquable de l’habitat, une abondance de proies et la réduction des impacts anthropiques », selon l'évaluation réalisée par WII plus tôt cette année. Cet endroit abrite désormais une population viable de cerfs axis, de sambars (Rusa unicolor), de nilgauts (Boselaphus tragocamelus), de chinkaras, de sangliers et de zébus (Bos taurus indicus). Actuellement, le léopard indien (Panthera pardus fusca) et la hyène rayée (Hyaena hyaena) sont les seuls grands carnivores du parc national. Observé à Kuno depuis plusieurs années,T 38, un mâle tigre du Bengale (Panthera tigris tigris) solitaire, a en effet regagné le parc national de Ranthambore voici plusieurs mois.

L’aire de répartition du guépard asiatique (Acinonyx jubatus venaticus), classé depuis 1996 « en danger critique » d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), s’étendait autrefois de la péninsule arabique et du Proche-Orient à l’Inde en passant par l'Iran, l'Afghanistan et le Pakistan. Plus au nord, elle couvrait le Caucase et l’Asie centrale. Aujourd’hui, cette sous-espèce, dont la population sauvage s’élèverait à une cinquantaine de spécimens contre 200 dans les années 1970, survit uniquement dans quelques régions iraniennes.

Quatre sous-espèces africaines sont aujourd’hui admises, en l’occurrence celles d'Afrique du Nord-Ouest (A. j. hecki), d'Afrique du Nord-Est ou du Sahara (A. j. soemmeringii), d'Afrique de l'Est (A. j. raineyi) et d’Afrique australe (A. j. jubatus), à laquelle appartiennent les guépards namibiens.

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