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Biodiversité, faune & conservation
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6 janvier 2020

Le changement climatique affecte la liste rouge des espèces menacées

Dévoilée mardi 10 décembre 2019 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la nouvelle révision de la liste rouge englobe 112.432 (sous-)espèces animales et végétales dont 30.178 sont aujourd’hui considérées comme menacées à des degrés divers.

6.413 sont ainsi classées « en danger critique », 10.629 « en danger » et 13.136 « vulnérables », c’est-à-dire confrontées à un risque élevé d’extinction à l’état sauvage. Par ailleurs, 6.826 sont jugées « quasi menacées » et 57.931 figurent en « préoccupation mineure » tandis qu’aucun statut n’a été attribué à 16.355 d’entre elles, faute de données suffisantes pour évaluer directement ou indirectement le niveau d’extinction pesant sur leur avenir. Enfin, 877 taxons sont estimés comme éteints, 73 ayant disparu à l’état sauvage.

Par ailleurs, 192 (sous-)espèces sont encore recensées au sein de la catégorie « faible risque / dépendant de mesures de conservation » amenée à disparaître progressivement de la liste rouge dont la dernière version met en relief les effets délétères du changement climatique sur la biodiversité en péril.

«Ses conséquences néfastes sont de plus en plus évidentes », prévient l’ONG de conservation dont l’indicateur a été publié trois jours avant la clôture de la 25e Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP25) à Madrid, en Espagne.

« Cette mise à jour révèle les impacts croissants des activités humaines sur la vie sauvage, souligne Jane Smart, directrice mondiale du Groupe de conservation de la biodiversité de l’UICN. 2020 sera cruciale pour l’avenir de la planète, le congrès de l’UICN en juin prochain (*) représentant une étape-clé pour définir le programme de travail mondial en matière de conservation nécessaire pour répondre à l’urgence dans laquelle se trouvent les espèces, en vue des décisions que les gouvernements prendront lors de la réunion de la Convention sur la diversité biologique prévue du 19 octobre au 1er novembre 2020 à Kunming, en Chine. »

PO-O-ULI MASQUE

Endémique de l'île de Maui, la deuxième plus grande de l'archipel d'Hawaï, le po-o-uli masqué, unique représentant du genre Melamprosops, a été identifié pour la première fois en 1973. En 1997, la population connue de ce passereau, victime du développement urbain et de l’expansion d’espèces invasives, se limitait à trois individus. L’un d’eux est mort en captivité en 2004, année de la dernière observation en milieu naturel de ce fringillidé désormais officiellement considéré comme éteint (photo U.S. Fish and Wildlife Service/Paul E. Baker ?).

Sale temps pour les eucalyptus

Les évaluations présentées dans cette actualisation montrent que le changement climatique affecte les espèces en modifiant les habitats et en augmentant la force comme la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes, indique le communiqué de l’UICN.

Aujourd’hui, 37 % des espèces de poissons d’eau douce d’Australie sont menacées d’extinction, dont au moins 58 % directement à cause du dérèglement de nos climats. Non seulement ces vertébrés aquatiques s’avèrent très sensibles aux sécheresses intenses générées par la baisse des précipitations et l’augmentation des températures mais « le changement climatique aggrave également la menace que représentent les espèces exotiques envahissantes pouvant se déplacer vers de nouvelles zones à mesure que la température et les débits d’eau changent ».

Dans l’ouest de l’Océan Indien où il évolue en eaux peu profondes, le requin nourrice à queue courte (Pseudoginglymostoma brevicaudatum) a vu ses populations fondre d’environ 80 % en 30 ans, la dégradation des récifs coralliens où il s’abritait l’exposant désormais à la surpêche. Jusqu’alors considéré comme « vulnérable », ce squale a rejoint le cercle des espèces « en danger critique ».

Dans l’archipel des Caraïbes, la fréquence et l’intensité accrues des ouragans compromettent l’avenir de l’amazone impériale (Amazona imperialis), l’oiseau national de la Dominique. Aujourd’hui, la population sauvage de ce psittacidé endémique des forêts montagneuses de cette île des Petites Antilles compterait moins de 50 individus sexuellement matures. Jugée « en danger » depuis 2000, la plus grandes des amazones a donc été reclassée « en danger critique ».

DRAPEAU DE LA DOMINIQUE

L’amazone impériale trône au centre du drapeau de la Dominique.

Côté botanique, l’évaluation de toutes les espèces d’eucalyptus dans le monde a révélé que 25 % de celles-ci étaient menacées, compromettant notamment l’avenir du koala.

Parmi les nouveaux venus dans la catégorie « en danger critique », l’UICN mentionne en particulier la grande nacre (Pinna nobilis), mollusque bivalve de Méditerranée victime d’un agent pathogène récemment identifié à l’origine de la disparition de 80 à 100 % des coquillages affectés, le pseudoscorpion géant (Garypus titanius), survivant exclusivement sur un rocher de 5,3 hectares situé au large de l’île britannique de l'Ascension dans l’Atlantique Sud et concurrencé par des invertébrés prédateurs envahissants comme la blatte américaine (Periplaneta americana), ou encore  le champignon pagode (Podoserpula miranda), subissant la dégradation de son habitat forestier en Nouvelle-Calédonie.

Trois oiseaux officiellement éteints

À l’occasion de cette révision de sa liste rouge, l’ONG mondiale a également tenu à attirer l’attention sur quelques espèces dont l’état de conservation a empiré, à l’instar de la roussette de Madagascar (Rousettus madagascariensis), dont les effectifs auraient chuté de plus de 30 % au cours des 15 dernières années à cause de la pression exercée par la chasse dans ses cavernes-dortoirs, et du lapin d’Europe (Oryctolagus cuniculus), décimé dans son aire de répartition naturelle par une nouvelle épizootie de la maladie hémorragique virale du lapin (VHD), avec des chutes de populations pouvant atteindre 70 %. Précédemment considérés comme « quasi menacés », ce chiroptère et ce lagomorphe sont  dorénavant estimés « en danger », un statut jusqu’alors attribué au colobe bai à tête rousse ou colobe roux de la Tana (Piliocolobus rufomitratus). Récemment réintégré dans la liste des 25 primates les plus menacés au monde (lire http://biofaune.canalblog.com/archives/2019/10/23/37733865.html), ce cercopithécidé kényan, toujours braconné et souffrant de la perte de son habitat en raison de l’exploitation forestière, du développement de l’agriculture, des incendies ainsi que des inondations, a été reclassé « en danger critique ».

Par ailleurs, après un réexamen par Birdlife international (BLI), autorité de référence pour la liste rouge concernant les oiseaux, l’anabate cryptique (Cichlocolaptes mazarbarnetti), l’anabate d’Alagoas (Philydor novaesi) et le poo-uli masqué (Melamprosops phaeosoma)  ont été officiellement déclarés éteints.

LAPIN DE GARENNE

Découverte en Chine en 1984 et arrivée en Europe deux ans plus tard, la maladie hémorragique virale du lapin décime aujourd’hui les populations de lapins de garenne du Vieux Continent (photo  Francesco Veronesi).

« Cette mise à jour souligne les implications directes et indirectes du changement climatique dans le déclin d’un nombre croissant d’espèces, estime Beth Polidoro, directrice adjointe de l’évaluation et de la valorisation au Centre des résultats de biodiversité (Center for Biodiversity Outcomes) de l’Université  d’Arizona (États-Unis). Ce document reflète non seulement une meilleure compréhension des impacts du dérèglement climatique sur la biodiversité mondiale, mais aussi le travail rigoureux de centaines de scientifiques et d’experts à travers la planète, œuvrant ensemble pour réaliser ces évaluations. »

Dix belles histoires

Dans ce contexte angoissant, l’UICN tient toutefois à relever l’amélioration de l’état de conservation de dix espèces, huit oiseaux et deux poissons d’eau douce. Si cinq restent menacées d’extinction, les autres ne sont plus confrontées à un péril immédiat. Revenu de l’extinction à l’état sauvage, le râle de Guam (Hypotaenidia owstoni) a été transféré « en danger critique », statut abandonné par le galaxias du lac Pedder  (Galaxias pedderensis) pour celui d’« en danger » que la perruche de Maurice (Psittacula eques), le mégapode de Pritchard (Megapodius pritchardii) et la morue de Murray ou morue à nez bleu (Maccullochella macquariensis) ont quitté pour devenir « vulnérables ».

La paruline azurée (Setophaga cerulean), la grive à pieds jaunes (Turdus lherminieri) et le viréo à tête noire (Vireo atricapilla) ont été retirés de cette catégorie et inclus parmi les taxons « quasi menacés ».

Jusqu’alors proches de remplir les critères correspondant aux animaux en danger de disparition, le pétrel de Murphy (Pterodroma ultima) et le roselin de Cassin (Haemorhous cassinii) sont maintenant considérés comme des « préoccupations mineures ».

ROSELIN DE CASSIN

Le spectre de l’extinction s’est éloigné pour le roselin de Cassin – ici un mâle, un passereau d’Amérique du Nord (photo www.naturespicsonline.com).

« Cette retouche de la liste rouge démontre que la conservation fonctionne et offre une lueur d’espoir dans la crise de la biodiversité même si le changement climatique s’ajoute aux multiples menaces auxquelles les espèces sont confrontées, considère Grethel Aguilar, directrice générale par intérim de l’UICN. Malgré soixante-treize déclins attestés, ces dix réels succès prouvent que la nature peut se rétablir si on lui accorde une chance. »

« Le rétablissement du râle de Guam et de la perruche de l’île Maurice apportent une preuve fantastique de l’efficacité de mesures de conservation ciblées, se félicite Ian Burfield, coordinateur scientifique à BirdLife International. Il faut néanmoins rappeler que toutes les espèces ne peuvent être sauvées, surtout si leur milieu naturel a été détruit. Pour prévenir déclins et extinctions, la priorité doit être la sauvegarde des habitats. »

« En ces temps d'urgence écologique, il est essentiel que nous reconnaissions et célébrions les réussites des défenseurs de l’environnement, renchérit Andrew Terry, directeur de la conservation et des politiques à la Société zoologique de Londres (Zoological Society of London/ZSL). Pourtant, dix espèces en voie de rétablissement sur 30.178 espèces menacées d'extinction, cela ne suffit pas. Œuvre de longue haleine, la conservation nécessite des années de coopération et d'investissements financiers, ce qui fait actuellement le plus défaut aux programmes de rétablissement. »

 (*) Organisé tous les quatre ans, le Congrès mondial de la nature de l'UICN aura lieu du 11 au 19 juin 2020 à Marseille.

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