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Biodiversité, faune & conservation
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29 janvier 2023

L’œdipode turquoise, animal de l’année 2023 en Suisse !

Après le castor, le lynx, l’aigle royal, la fourmi des bois, le lézard agile, le bouquetin, l’ombre commun, l’ours brun, le caloptéryx élégant, le cerf élaphe, l’hermine, le vert luisant, le chat sauvage, le gammare des ruisseaux ou encore le lérot, l’œdipode turquoise (Oedipoda caerulescens) a été désigné « animal de l’année 2023 » par l’association helvétique pour la protection de la nature Pro Natura.

Lancée en 1998, cette initiative entend sensibiliser cette année à la protection des « paradis naturels éphémères » indispensables à la survie de ce criquet aisément identifiable à ses ailes d’un bleu vif cerclées de noir.

Depuis un siècle, de nombreux habitats de l’œdipode turquoise, vivant dans des régions chaudes et sèches à la végétation clairsemée, ont disparu. En Suisse, à quelques exceptions près, les paysages alluviaux avec leurs vastes surfaces de gravier ont été victimes de l’exploitation hydroélectrique et des modifications du cours des rivières. Prairies et pâturages secs ont subi un sort similaire : la construction excessive, la fertilisation ou la recolonisation forestière les ont réduits de 95 % en l’espace de 100 ans.

OEDIPODE TURQUOISE EN VOL

L’un des caractères les plus remarquables de ce criquet est la coloration bleu turquoise des ses ailes postérieures, soulignées d’une bande marginale d'un ton noir à brun foncé (photo Wolfgang Hock).

L’hiver meurtrier

Outre la sauvegarde des derniers joyaux naturels, la revitalisation des zones alluviales et le retour à une agriculture plus respectueuse de la nature constituent la priorité pour cet insecte, tout comme l’exploitation raisonnée et l’entretien des habitats de substitution anthropiques colonisés par cet orthoptère thermophile. Les gravières, les friches ferroviaires ou les « terres incultes » offrent à cet insecte – mesurant en moyenne entre 15 et 21 mm pour le mâle contre 22 à 28 mm pour la femelle – des biotopes de remplacement bienvenus.

Appréciant la chaleur à l’instar de nombreux insectes, l’œdipode turquoise doit néanmoins disposer d’une strate herbacée clairsemée protégeant cet acrididé ectotherme d’un réchauffement excessif. En outre, les œufs déposés dans le sol sont alors moins sujets au dessèchement. Or la survie de l’espèce dépend de ces œufs  dormant dans la terre depuis l’été précédent puisque tous les adultes meurent au cours de l’hiver. Les larves éclosent à partir de fin avril. À chaque mue, l’animal adapte de mieux en mieux sa couleur à son milieu. Après quatre mues (pour les mâles) ou cinq (pour les femelles), la nouvelle génération peut enfin se reproduire. Peu après l’accouplement, les femelles pondent quelque 120 œufs. Avec les premiers gels, les adultes s’éteindront et un nouveau cycle débutera.    

Pour autant, la crise climatique ne constitue pas une chance pour les insectes en danger, assurent les scientifiques. Si, avec la hausse moyenne des températures, des espèces comme l’œdipode turquoise pourront coloniser de nouveaux habitats dans la Confédération, d’autres seront confrontées à des périls accrus, notamment les taxons dont les larves se développent dans des eaux fraîches et propres.

COUPLE D'OEDIPODES TURQUOISES

Après l’accouplement, la femelle pond environ 120 œufs dans le sol. Les adultes meurent à la survenue des premiers gels (photo Thomas Marent).

Un vrai caméléon

« L’œdipode turquoise est potentiellement menacé en Suisse et le changement climatique pourrait changer la donne », admet Léo Richard, responsable de « l’animal de l’année » au secrétariat romand de Pro Natura, avant de nuancer son propos. « L’élévation des températures favorise l’émergence de son habitat, mais il s’agit souvent de paradis éphémères. Sans dynamique naturelle ou sans entretien ciblé, ces habitats riches en espèces disparaissent. »

Actuellement, l’animal de l’année 2023 est surtout présent dans le Valais, au Tessin et le long du versant sud du Jura, même s’il est recensé dans quelques autres régions. L’œdipode turquoise occupe les habitats appropriés depuis le fond des vallées jusqu’à près de 2.000 mètres d’altitude. Le régime alimentaire de ce criquet, ne dédaignant pas les charognes à l’occasion, se compose essentiellement de graminées.

Au sol, l’œdipode turquoise recourt au mimétisme pour se fondre dans son environnement, sa coloration variant en fonction de son milieu de vie et lui permettant d’échapper à ses prédateurs, en particulier les oiseaux mais aussi les araignées, les hérissons, les reptiles et les batraciens.

ZONE ALLUVIALE DYNAMIQUE DANS LA RESERVE NATURELLE BOLLE DI MAGADINO

Lœdipode turquoise apprécie  les zones alluviales dynamiques, comme ici l’ancien secteur inondable de la Verzasca dans la réserve naturelle Bolle di Magadino, à la confluence du Tessin avec le lac Majeur (photo Andrea Persico).

« L’œdipode turquoise peut être considéré comme une espèce bioindicatrice », souligne Léo Richard. « Sa présence est un bon signe pour la biodiversité et dans la grande majorité des cas, d'autres espèces peu fréquentes et exigeantes en termes d'habitat fréquentent le côtoient. »

Sur l’ensemble du territoire helvétique, 60% des insectes, et parmi eux 40% des orthoptères, sont aujourd’hui menacés. « Les insectes constituent l’épine dorsale de nombreux cycles naturels », rappelle M. Richard. « Ils fournissent la nourriture de beaucoup d’espèces, pollinisent les plantes, décomposent le matériel végétal et rendent bien d’autres services, souvent peu visibles. Leur déclin global et l’augmentation ponctuelle de certaines populations devraient nous alerter de la même manière. Ils montrent que la crise climatique et la crise de la biodiversité déséquilibrent les bases naturelles de notre existence. »

Globalement et à l’échelle européenne, l’œdipode turquoise est considéré comme une « préoccupation mineure » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

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