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Biodiversité, faune & conservation
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22 janvier 2023

Un troupeau de bisons d’Europe relâché dans une réserve anglaise !

Vendredi 23 décembre 2022, un bison européen (Bison bonasus) mâle adulte a rejoint le troupeau maintenu en semi-liberté depuis l’été dernier dans le comté du Kent, au sud-est de l’Angleterre, dans le cadre d’un projet de « réensauvagement » d’un montant global de 1,1 million de livres sterling (1,24 millions d’euros).

Trois femelles avaient déjà relâchées lundi 18 juillet dernier dans un enclos de 5 hectares au sein de la réserve naturelle de West Blean Woods, près de Canterbury. Deux sont natives du Fota Wildlife Park (Irlande), la matriarche ayant été confiée par le Highland Wildlife Park (Écosse). À la surprise générale, l’une des jeunes femelles a mis bas moins de deux moins après avoir rejoint le « jardin de l’Angleterre ». En parfaite santé, le nouveau-né a été aperçu pour la première fois vendredi 9 septembre.

BISONNEAU DU TROUPEAU DU KENT

La gestation chez la bisonne européenne dure 9 mois. La période de reproduction s’étalant habituellement d’août à octobre, la naissance survenue en septembre a constitué une surprise pour l’équipe du « Wilder Blean » (photo Donovan Wright).

Depuis novembre, le troupeau évolue dans une zone couvrant 50 hectares. Dès l’été prochain, les bisons devraient accéder à l’intégralité des 200 hectares du site délimité par deux clôtures, dont une électrifiée. Des tunnels sont également en cours de construction afin que les bisons puissent traverser en toute sécurité les sentiers existants.

Prévue en août, la venue de ce mâle originaire du parc animalier de Sababurg (Allemagne) avait été retardée à cause de formalités administratives. À terme, le troupeau pourrait compter jusqu’à dix individus maximum, conformément aux autorisations accordées.

« Ce transfert marque le début de la grande aventure et il est finalement symbolique que cette arrivée ait eu lieu peu avant le nouvel an », estime Mark Habben, directeur des opérations zoologiques du Wildwood Trust, l’un de deux organismes ayant initié ce programme. Mené conjointement avec le Kent Wildlife Trust (KWT), ce projet baptisé « Wilder Blean » entend mesurer l’influence de ces grands ruminants sur la biodiversité forestière et dans la lutte contre les effets du dérèglement climatique.

Ingénieurs de leur habitat

Les bisons sont censés éradiquer les conifères invasifs dont ils apprécient l’écorce et favoriser ainsi la croissance des essences locales. Acteurs clés de leur écosystème, ces bovidés le modifieront au cours leurs déplacements, créant des trouées permettant la diffusion de la lumière au sol et susceptibles d’être empruntées par d'autres animaux. En outre, le goût des bisons pour les bains de poussière engendrera des zones ouvertes et élargira la diversité des habitats, permettant à de nouvelles plantes, aux insectes, aux reptiles, aux oiseaux ou encore aux chauves-souris de prospérer. « Aucun autre animal ne peut jouer un tel rôle », souligne Stan Smith, responsable des paysages sauvages au KWT. La présence du plus gros mammifère terrestre d'Europe doit transformer une dense forêt commerciale de pins en une forêt naturelle dynamique, absorbant davantage de carbone.

« La restauration des écosystèmes naturels est un outil essentiel et peu coûteux pour combattre la crise climatique », relève Evan Bowen-Jones, président du Kent Wildlife Trust (KWT). « Nous voulons que Wilder Blean marque le début d'une nouvelle ère pour la conservation au Royaume-Uni. Nous devons révolutionner la façon dont nous restaurons les paysages naturels, en nous appuyant moins sur l'intervention humaine et davantage sur des ingénieurs naturels comme le bison, le sanglier et le castor. »

Grâce aux colliers émetteurs GPS équipant les animaux, l’équipe du « Wilder Blean » suit les mouvements des bisons et récoltera des données précieuses sur leurs interactions avec la flore. « Ces ruminants agissent comme des banques de graines géantes », explique Donovan Wright, l'un des « gardes-bisons » employés par le projet. « Ils collectent des graines, puis les dispersent au gré de leurs activités. » « J'ai hâte de découvrir comment les bisons façonneront la forêt en l’espace de cinq, dix ou vingt ans, à mesure qu'ils s'installeront dans leur nouvel habitat », s’impatiente son collègue Tom Gibbs.

LA MATRIARCHE DU TROUPEAU DE BISONS DU KENT

(Glen Isla, la matriarche du troupeau, a vu le jour en 2008 au Highland Wildlife Park, géré par la Société zoologique royale d'Écosse (photo Robert Canis).

 Vaches, poneys et cochongliers

Les bisons partageront bientôt leur domaine avec des exmoors et des longhorns, les plus anciennes races de poneys et de bovins britanniques. Hybrides de sangliers et de cochons domestiques, des cochongliers (ou sanglochons) seront également introduits dans la réserve du Kent. Ces cohabitations visent une gestion des paysages exempte de toute intervention humaine.

L’impact de ces taxons sera étroitement surveillé à long terme, notamment par l'échantillonnage du sol et le comptage des vers, l'examen de la structure de la végétation et le suivi des invertébrés, des oiseaux et des mammifères indigènes.

Toutefois, le projet « Wilder Blean » suscite la controverse. En effet, le bison d’Europe n’a jamais vécu à l’état sauvage sur les îles britanniques. Vraisemblablement disparus à la fin de la dernière période glaciaire voici quelque 10.000 à 11.000 ans, les derniers bisons ayant foulé le sol de l’archipel appartenaient à une espèce différente, le bison des steppes (Bison priscus). Leur déclin aurait débuté lors la période chaude et humide caractérisant l'interstade de Bölling/Alleröd (-14700 à – 12900 ans AP). L’extinction du bison des steppes en Grande-Bretagne résulterait donc de changements environnementaux, avec l’apparition d’un écosystème défavorable à ce bovin préhistorique, et non de facteurs humains. Toutefois, certains scientifiques favorables au projet mettent en avant les similarités (notamment la taille) entre le bison européen et l’aurochs, occupant jadis les forêts d’Albion.

Globalement estimé « en danger » depuis 1996 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le bison d’Europe a cependant été reclassé en 2008 « vulnérable », c’est-à-dire « confronté à un risque élevé d’extinction à l’état sauvage », puis seulement « quasi menacé » en juillet 2020.

Quant à la sous-espèce dite des montagnes du Caucase (B. b. caucasinus), elle est définitivement éteinte depuis 1927, même si une lignée d’individus hybrides, fruit de croisements avec la sous-espèce de plaine (B. b. bonasus), a été sauvegardée.

La consanguinité est l’une des principales menaces planant sur l’avenir de cette espèce puisque la population actuelle descendrait de seulement 7 individus (4 mâles et 3 femelles) sur les 29 mâles et 24 femelles survivant dans les années 1920 dans quelques parcs zoologiques après le tir, en 1919 dans une forêt polonaise, du dernier représentant sauvage de la sous-espèce de plaine.

Selon l’« European Bison Pedrigree Book », sa population totale s’élevait, fin 2021, à 9.554 individus dont 7.266 vivant à l’état sauvage, 487 élevés en semi-liberté et 1.801 (701.1100) maintenus en captivité.

Le programme d’élevage en captivité (EEP) de l'association européenne des zoos et aquariums (EAZA) du bison d’Europe est actuellement géré par le zoo de Jersey.

Sources : Kent Wildlife Trust, Wildwood Trust , Phys.org, BBC, The Guardian, Nature, Smithsonian magazine, UICN, Université d’York.

Voici les vidéos du premier relâché, puis de celui du mâle, mises en ligne par le Kent Wildlife Trust :

 

 

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Commentaires
F
Bel article et bel animal ! Souhaitant qu'il devienne un bon architecte de de ce paysage. Cordialement
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