Un guide pour mieux (re)connaître et protéger reptiles et amphibiens européens
Dans une acceptation géographique englobant la région du Caucase et les îles Canaries, l’Europe abriterait actuellement près de 260 espèces d’amphibiens et de reptiles. Cette diversité toute relative, quelque 7.400 espèces d’amphibiens et environ 10.000 espèces de reptiles étant recensées en 2015 à travers la planète, est étroitement liée au climat du Vieux Continent. À l’exception notable du bassin méditerranéen, celui-ci s’avère en effet trop frais pour nombre de représentants de l’herpétofaune.
Pour autant, ces animaux sont omniprésents en Europe où quelques espèces indigènes se sont même adaptées à des conditions locales extrêmes. Le crapaud commun (Bufo bufo) et la grenouille rousse (Rana temporaria) parviennent ainsi à survivre et à se reproduire jusqu’au cercle polaire ! En excluant les espèces invasives comme la tortue de Floride (Trachemys scripta elegans) ou la grenouille-taureau (Lithobates catesbeianus), la France métropolitaine compte actuellement 37 espèces d’amphibiens (13 urodèles et 24 anoures) et 35 espèces de reptiles (12 serpents, 20 sauriens et 3 tortues).
Publié aux éditions Delachaux et Niestlé, Reptiles et amphibiens d’Europe détaille 214 espèces (85 amphibiens et 129 reptiles), de l’orvet fragile (Anguis fragilis) largement répandu et souvent rencontré dans nos jardins au vulnérable alyte de Majorque (Alytes muletensis) endémique de cette île des Baléares, en passant par la populaire tortue d’Hermann dont la sous-espèce occidentale (Testudo hermanni hermanni) est classée « en danger » d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Taxonomie mouvante
Herpétologiste spécialiste de la taxonomie et de l'écologie des amphibiens et reptiles tropicaux, Axel Kwet a opté pour une présentation regroupant, sous des bandeaux de couleur, les espèces par ordres et sous-ordres conformément à la classification en vigueur (urodèles, anoures, tortues, sauriens et serpents). Pour éviter les répétitions, l’auteur a regroupé au sein d’une même notice les espèces étroitement apparentées, dont la morphologie et la biologie sont voisines. Les 155 notules bénéficient d’une description, d’une photo et du détail de leur aire de répartition sur la carte. Seul regret, l’absence d’indication du statut de conservation, à l’heure où des menaces toujours plus nombreuses planent sur l’avenir de ces vertébrés. Le livre y consacre d’ailleurs un chapitre, évoquant la hausse du trafic routier, la destruction et la fragmentation des habitats, la pollution liée aux pesticides et aux hormones, le dérèglement climatique et les épizooties de chytridiomycose décimant des populations entières d’amphibiens.
La salamandre tachetée à bandes (Salamandra salamandra terrestris) occupe une grande partie de l’aire de répartition occidentale de l’espèce. Ici, un spécimen originaire de Touraine (photo Ph. Aquilon).
Dans son introduction, Axel Kwet aborde d’ailleurs la délicate question du concept d’espèce, l’histoire changeante de la systématique avec ses controverses - concernant par exemple le nombre d’espèces de crapauds verts du genre Bufotes sur le Vieux Continent ou celui des sous-espèces chez le lézard des murailles (Podarcis muralis) – ou encore l’hybridation entre taxons. « Chacun doit rester conscient que même l’état le plus actuel de la recherche taxonomique n’est qu’un moment appelé à devenir obsolète tôt ou tard. »
Enfin, ce guide de terrain au petit format propose une clé de détermination, indispensable pour des identifications sûres. Au-delà de cet aspect pratique, l’ouvrage nourrit aussi l’ambition d’éveiller l’intérêt pour toutes ces espèces, voire de susciter la sympathie des lecteurs envers ces animaux, sources d’émerveillement pour qui se donne la peine de mieux les connaître.
KWET Axel, Reptiles et amphibiens d’Europe, Delachaux et Niestlé, août 2016, 352 p., 34,90 €.