Ornithologie : tout savoir sur les anatidés de l’hémisphère Nord
Oie empereur (Chen canagica), garrot à œil d’or (Bucephala clangula), sarcelle élégante (Anas formosa), anserelle de Coromandel (Nettapus coromandelianus), cygne trompette (Cygnus buccinator), canard à bosse (Sarkidiornis melanotos) ou encore eider à lunettes (Somateria fischeri).
Publié en novembre 2015 aux éditions Delachaux et Niestlé, Canards, cygnes et oies d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord recense 83 espèces d’anatidés, des plus communes comme le canard colvert (Anas platyrhynchos) à celles dont l’avenir s’annonce très incertain, tel le tadorne huppé (Tadorna cristata), classé en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Signé Sébastien Reeber - actuellement chargé du suivi ornithologique pour la réserve naturelle du lac de Grand-Lieu (Loire-Atlantique), cet ouvrage apparaît comme « la » référence sur le sujet, sa rigueur et son exhaustivité étant propres à satisfaire les lecteurs les plus exigeants et/ou les plus connaisseurs : débats taxonomiques en cours, critères d’identification de la pointe du bec aux couleurs des pattes en passant par le vol, la voix ou la forme de la tête, description selon l’âge et le sexe, variations géographiques et sous-espèces éventuelles, détails de la mue, aperçu des habitats et des comportements, état des lieux des populations et tendances démographiques, statut de conservation… Enrichies de photos, de planches de dessins et de cartes de répartition en période de nidification et d’hivernage, les monographies dressent un tableau particulièrement complet de chaque espèce.
Les enjeux de l’hybridation
Les ansériformes étant des oiseaux d’ornement répandus, l’auteur s’attache également à la fréquence de leur maintien en captivité et aux prix de ces animaux. En effet, la probabilité de rencontrer dans la nature des spécimens accidentellement retournés à l’état sauvage dépend de leur rareté et donc de leur coût. Si le risque d’apercevoir dans nos contrées un harle de Chine (Mergus squamatus) ou une harelde boréale (Clangula hyemalis) échappé(e) d’un élevage est minime, la majorité des ouettes d’Égypte observées en dehors de leur distribution habituelle sont en revanche considérées comme d’anciens oiseux captifs. Ce phénomène constitue d’ailleurs une menace pour diverses espèces fragiles. En Europe, l’hybridation avec les érismatures rousses (Oxyura jamaicensis) introduites s’avère ainsi un danger majeur pour la survie des érismature à tête blanche (Oxyura leucocephala) dans la péninsule ibérique.
Mâle érismature à tête blanche près d’Alicante, en Espagne (photo Ferran Pestaña).
L’auteur aborde ainsi en profondeur cette problématique, aussi passionnante que complexe, de l’hybridation, un casse-tête pour les naturalistes de terrain mais surtout un enjeu crucial pour la conservation. « Les menaces les plus sérieuses sont dues à une introgression extensive provoquée par l’introduction d’une espèce dans l’aire d’une autre », souligne Sébastien Reeber.
Présentant de nombreux clichés d’hybrides facilitant l’identification des individus concernés, l’ouvrage consacre un long chapitre à ce sujet sensible, évoquant la fécondité des hybrides, les croisements inter et intragénériques, la variabilité des caractères ou encore les causes de l’hybridation en milieu naturel.
REEBER Sébastien, Canards, cygnes et oies d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord, Delachaux et Niestlé, novembre 2015, 656 p., 54,90 €.