Que d'eau! Que d'eau! Les rennes du Spitzberg ne supportent pas la pluie
Dans un article du 5 septembre, j’avais évoqué l’inquiétant déclin des caribous des bois « toundriques » (Rangifer tarandus caribou) au nord du Québec. La situation de leurs « cousins » européens ne semble guère plus réjouissante. Une étude norvégienne, publiée aujourd’hui dans les Biology Letters de l'Académie des sciences britannique, a mis en évidence le lien entre réchauffement climatique et chute de la natalité au sein de la population de rennes du Spitzberg. Les animaux vivant sur cette île arctique, la plus vaste de l’archipel du Svalbard (archipel de l’océan Artique au nord du cercle polaire), appartiennent à la plus petite des neuf sous-espèces de rennes (Rangifer tarandus platyrhynchus).
De 1995 à 2011, des biologistes ont constaté que le nombre de petits mis au monde en moyenne par les femelles était chaque année inversement proportionnel au volume de pluie tombé durant l'hiver, entre novembre et avril. En clair, les rennes supportent mieux la neige que la pluie hivernale. En tombant sur la couche neigeuse, l’eau s’infiltre en profondeur puis gèle lorsqu'elle atteint le sol. La végétation cachée sous la neige devient alors prisonnière d'une épaisse gangue de glace, empêchant les animaux de se nourrir.
Un phénomène semblable a été observé chez le campagnol de l’Europe de l’est (Microtus levis), seul autre mammifère herbivore présent au Spitzberg.
La hausse des précipitations hivernales pourrait être liée au réchauffement climatique, qui affecte non seulement les températures moyennes mais aussi les conditions météorologiques. Or le cercle polaire est particulièrement exposé aux effets du réchauffement.
Source : AFP.