Canada : les caribous des bois menacés par loups et skieurs
Protéger les caribous des bois (Rangifer tarandus caribou) de la prédation excessive des loups en limitant l’accès à certaines zones du parc durant l’hiver. Suscitant l’opposition des amateurs de randonnées à ski, le souhait des responsables du parc national canadien Jasper part d’un constat alarmant : moins de 200 caribous des bois, appartenant à l’écotype des montagnes du sud, survivent aujourd’hui au sein du plus vaste des parcs nationaux canadiens, situé dans la province de l’Alberta et couvrant 10 878 km² (soit 1,25 fois la Corse). La mesure préconisée pourrait réduire notablement le taux de mortalité de ces cervidés bénéficiant de la loi sur les espèces en péril du Canada.
Les loups empruntent les pistes créées par les skieurs
En effet, la première menace planant sur ces caribous tient à la présence des loups, dont le nombre a grimpé en raison de l’importante population de wapitis (Cervus canadensis) dans le parc Jasper. Près d'un caribou sur deux trouve aujourd’hui la mort sous les crocs de ces canidés. Or, selon Shelley Bird, responsable de la communication et biologiste à Parcs Canada, les usagers du parc tassent la neige et créent des pistes susceptibles d’êtres empruntées par des loups afin d’atteindre plus facilement le territoire des caribous. Aussi l’organisme gouvernemental chargé de la gestion d'espaces naturels et des lieux historiques protégés recommande-t-il la fermeture du quart du territoire du parc national Jasper du 1er novembre 2013 au 28 février 2014.
Le lac Maligne au cœur du parc national Jasper (Photo Bruno Menetrier).
La décision sera rendue début mai. Si la fermeture est approuvée, Parcs Canada estime qu’il conviendra d’attendre une vingtaine d'années pour juger de l’efficacité de cette mesure sur la population de caribous des bois.
Une sous-espèce sédentaire
Le caribou des bois est une sous-espèce de caribou (appelé renne en Eurasie) peuplant les forêts boréales et les régions montagneuses du Canada, de Terre-Neuve à la Colombie-Britannique. A la différence des caribous de la toundra vivant plus au nord et formant de grandes hardes, les caribous des bois se regroupent généralement en petits groupes de 10 à 25 individus. Les femelles mettent bas pour la première fois vers l’âge de trois ans et donnent naissance à un seul petit chaque année, entre fin mai et début juin.
Harde de caribous des bois dans le parc Jasper (Photo Parcs Canada).
Les caribous des bois présents dans les parcs nationaux Jaspe, Banff (Alberta), Mont-Revelstoke (Colombie-Britannique) et des Glaciers (Colombie-Britannique) constituent la population dite des montagnes du Sud. Contrairement à de nombreux autres caribous, ces hardes ne migrent pas. Elles se déplacent le plus souvent en altitude au fil des saisons. D’une région à l’autre, les variations climatiques engendrent cependant des différences de comportement. Dans la chaîne Columbia, les parcs nationaux du Mont Revelstoke et des Glaciers reçoivent d’abondantes chutes de neige. Leurs caribous se sont adaptés à cette contrainte en consommant les lichens poussant dans les arbres qu’ils peuvent atteindre grâce à l’épaisse couche neigeuse. Dans les Rocheuses, les parcs nationaux Jasper et Banff jouissent d’un climat plus sec. Ici, les caribous ne nourrissent des lichens terrestres se trouvant sous la neige.
Voici quelques mois, les scientifiques avaient tiré la sonnette d’alarme à propos des caribous de l’écotype « toundrique » dont la population est en chute libre au nord du Québec (http://biofaune.canalblog.com/archives/2012/09/05/25032286.html).
Sources : Radio Canada, Parcs Canada.