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Biodiversité, faune & conservation
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12 juin 2019

Le changement climatique contraint les koalas à boire

Selon un article publié mercredi 29 mai 2019 dans la revue PLOS One, la mise à disposition de points d’eau artificiels pourrait contribuer à la survie des koalas lors des périodes de sécheresse. En effet, les chercheurs ont découvert que ces marsupiaux arboricoles étaient capables de boire de l’eau stagnante. Jusqu’alors, la consommation de feuilles d’eucalyptus était considérée comme leur source quasi exclusive d’hydratation.

« Des abreuvoirs aideraient les koalas à surmonter les épisodes de sécheresse et atténueraient les effets du changement climatique sur ces animaux », estime Valentina Mella, chercheuse postdoctorale en sciences de l'environnement ayant dirigé cette étude menée par une équipe de l’université de Sydney, la plus ancienne d’Australie( lire https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0216964). De telles installations seraient aussi bénéfiques à d’autres espèces, folivores ou non, dont le phalanger volant (Petaurus breviceps), le phalanger-renard (Trichosurus vulpecula), l’acrobate pygmée (Acrobates pygmaeus), l'échidné à nez court (Tachyglossus aculeatus) ou encore le kangourou géant (Macropus giganteus).

KOALA S'ABREUVANT DANS UNE VASQUE

Koala s'abreuvant dans une vasque (photo université de Sydney).

La population s’effondre

En 2016, la population totale de koalas, estimée à une dizaine de millions avant l’arrivée des colons européens, était évaluée à 329.000 individus (dans une fourchette comprise entre 144.000 et 605.000 spécimens) avec un déclin moyen de 24 % en quinze à vingt ans, soit trois générations. Les effectifs de phascolarctidés auraient respectivement chuté de 53 %, 2 6%, 14 % et 3 % dans les États du Queensland, de Nouvelle-Galles du Sud, de Victoria et d’Australie-Méridionale.

Publiée en mai 2017 par l’antenne australienne du Fonds mondial pour la nature (WWF), une étude réalisée par Christine Adams-Hosking, biologiste de la conservation à l’université du Queensland, mentionnait un déclin, susceptible d’entraîner l’extinction locale des emblématiques marsupiaux, de 80,25 % entre 1996 et 2014 dans la « Koala Coast », zone située à 20 km au sud-est de Brisbane.

La dégradation et la fragmentation de leur habitat, les collisions routières, la prédation par des espèces invasives (dont les renards, les chats harets ou les chiens errants) constituent quelques-unes des principales menaces pour la survie des koalas, en outre décimés par une épizootie de chlamydia. Actuellement, il  n'existe aucun traitement contre cette maladie sexuellement transmissible, susceptible d’entraîner la cécité, la stérilité puis la mort des animaux infectés.

Niche écologique

Souffrant de stress thermique et parce que les eucalyptus dont ils se nourrissent sont touchés par les modifications des températures et des régimes pluviométriques, les koalas s’avèrent également directement affectés par les conséquences du changement climatique.

Dévoilée lundi 2 juillet 2018 dans le mensuel Nature Genetics, l'analyse du génome du koala, fruit des travaux d’environ 50 chercheurs originaires de sept pays, a permis de découvrir 26.558 gènes, décryptant l'ensemble du matériel génétique du phascolarctidé « avec une précision de 95,1 %, comparable à celle du génome humain ». « Ce séquençage nous a aidés à documenter et à comprendre la diversité génétique des koalas et contribuera aux efforts de conservation », assurait alors la généticienne Rebecca Johnson, coauteure de cette publication et directrice de l’institut de recherche de l’Australian Museum de Sydney.

Le patrimoine génétique des « paresseux australiens » leur permet notamment de digérer les feuilles, toxiques pour l’immense majorité des animaux, de certaines (entre 30 et une centaine selons les sources) des quelque 600 essences d’eucalyptus connues. « Cette adaptation évolutive leur a probablement permis de trouver une niche pour survivre », précisait Mme Johnson. « Ils pouvaient compter sur une source de nourriture avec peu de concurrence, les autres espèces n'étant pas capables de se désintoxiquer aussi efficacement. »

VALENTINA MELLA

Valentina Mella, chercheuse postdoctorale en sciences de l'environnement (photo université de Sydney).

Excès de toxines

Pour autant, limités par la quantité de toxines que leur organisme peut supporter, les koalas ne peuvent pas consommer davantage de feuilles pour compenser la réduction de la teneur en eau de leur aliment préféré. « La hausse des émissions de CO2 devrait accrroître le taux des composés phénoliques et des tanins dans les feuilles d'eucalyptus », souligne Valentina Mella. « Les koalas auront besoin de nouvelles stratégies pour se désaltérer et nous sommes à même de les aider en leur fournissant de l'eau potable. »

La jeune scientifique a effectué ses recherches à  Gunnedah dans la région des North West Slopes en Nouvelle-Galles du Sud où, en 2009, une vague de chaleur a provoqué la disparition de 25 %  des effectifs de koalas. « Nous n'étions pas sûrs que des abreuvoirs puissent atténuer l'impact des phénomènes météorologiques extrêmes sur les koalas », admet Valentina Mella.

Les observations ont démontré que les marsupiaux utilisaient régulièrement ces équipements pour satisfaire leurs besoins hydriques. Au cours des 12 premiers mois de l'étude, le Dr Mella et son équipe ont ainsi enregistré 605 déplacements vers dix points d’eau dont 401 avec consommation. Le nombre de visites et la durée totale d’hydratation ont doublé durant l'été par rapport aux autres saisons. « Un accès fréquent à l’eau peut s’avérer vital pour les koalas en facilitant leur thermorégulation lors de très fortes chaleurs », souligne la biologiste.

Suivant les recommandations de ces travaux, plusieurs localités australiennes ont déjà installé des points d’eau afin de sauver les fragiles diprotodontes.

Auparavant considéré comme une préoccupation mineure, le koala (Phascolarctos cinereus) a été reclassé en 2014  « vulnérable », c’est-à-dire confronté à un risque élevé d’extinction à l’état sauvage, par l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).

Sources principales : université de Sydney, Daily Mail, Australian Koala Foundation,UICN.

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