Suisse : le cincle plongeur, ambassadeur des milieux humides urbains
Désigné « oiseau de l’année » par BirdLife Suisse, le cincle plongeur sera durant douze mois le porte-drapeau de la campagne lancée par cette association en faveur de « la biodiversité dans les agglomérations ». En 2017, celle-ci portera plus particulièrement sur les habitats humides en milieu urbain (*).
En effet, le cincle plongeur (Cinclus cinclus), parfois surnommé « merle d’eau », est le seul passereau à plonger afin de chercher sa nourriture dans le lit des rivières. Mesurant environ 18 cm de long pour une masse oscillant entre 50 et 75 grammes, il vit à proximité des cours d’eau rapides, depuis les régions de plaine jusqu’à 2.500 mètres d’altitude. L’hiver, il fréquente également les rives rocheuses des lacs.
Le plastron blanc du cincle plongeur lui procure un efficace camouflage à la surface de l’eau (photo © Werner Scheuber).
Unique représentante européenne de la famille des cinclidés, cette espèce a besoin d’eaux propres et riches en oxygène. Tolérant la présence humaine sur son territoire, elle peut se reproduire sur les berges des rivières situées dans les secteurs habités à condition de ne pas être trop dérangée. Promeneurs et chiens peuvent la conduire à abandonner ses sites de nidification. « Le cincle est donc un bon ambassadeur pour la renaturation des rivières », estime l’association suisse pour la protection des oiseaux (ASPO/ BirdLife), regroupant plus de 63.000 adhérents répartis au sein de 450 sections locales.
La raréfaction ou la disparition des populations de cincles trahissent un appauvrissement des zones humides et/ou leur pollution.
Cœur au ralenti
« Il est parfaitement possible de concilier par une planification adéquate les besoins de l’homme et ceux de la biodiversité des milieux aquatiques jusqu’au cœur de nos agglomérations », assure François Turrian, directeur romand de BirdLife.
Possédant une glande uropygienne particulièrement développée, le cincle plongeur peut entretenir la parfaite étanchéité de son plumage. Grâce à la densité de ce dernier et à la présence d’une sous-couche de duvet très fournie, le passereau supporte les eaux glacées des torrents. Cet oiseau trapu parvient à résister à la force du courant grâce à ses griffes et à la puissante musculature de sa poitrine. En outre, il abaisse son rythme cardiaque lors des phases d’immersion. Par ailleurs, la concentration d'hémoglobine dans son sang est plus élevée que chez les autres passereaux de taille comparable. Une autre adaptation remarquable concerne le cristallin de l’œil dont la déformation en plongée offre au cincle une parfaite vision dans l’élément liquide.
Excellent « bio-indicateur », le cincle plongeur exige des cours d’eau propres et bien oxygénés (© Michael Gerber).
Volant dans l’eau pendant plusieurs secondes, le « merle d’eau » débusque alors entre les pierres des insectes aquatiques et leurs larves, de petits crustacés et des mollusques. Ne présentant pas de dimorphisme sexuel marqué, ce nageur se nourrit également de têtards, de petits poissons voire de vers de terre.
Au-delà de son rôle d’ambassadeur de la biodiversité urbaine helvétique, le cincle plongeur – oiseau national norvégien – apparaît aujourd’hui comme l’un des emblèmes de la sauvegarde des écosystèmes humides du Vieux continent.
Voici la vidéo (en allemand) de BirdLife Suisse présentant « l’oiseau de l’année 2017 » dans la Confédération :
(*) La Journée mondiale des zones humides (JMZH) sera célébrée jeudi 2 février 2017.