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Biodiversité, faune & conservation
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27 janvier 2013

Un oryx d’Arabie à Paris : une espèce sauvée de l’extinction mais toujours fragile

La semaine dernière, mardi 15 janvier 2013, un mâle oryx d'Arabie (Oryx leucoryx) a rejoint la Ménagerie du Jardin des Plantes de Paris. Prénommé Asha, il a été transféré depuis le Marwell Wildlife, zoo anglais situé près de Winchester, capitale du comté de Hampshire, au sud de l'Angleterre. Le parc animalier d’outre-Manche gère le programme européen d'élevage et de conservation (EEP) et le studbook international de l’oryx d’Arabie. À Paris,  Asha partagera son enclos, situé près de la singerie, avec trois femelles (dont une mère et sa fille) arrivées le 11 janvier 2012 du zoo de Lisbonne.

ENCLOS ORYX MENAGERIE OK

Enclos des oryx d’Arabie à la Ménagerie du Jardin des Plantes de Paris (Photo Ph. Aquilon).

Autrefois limité à trois ou quatre, le nombre d’espèces d’oryx a été revu avec l’apport de la génétique. Il s’élèverait aujourd’hui à six avec la classification au rang d’espèces à part entière de l’oryx d’Éthiopie (Oryx gallarum) et de l’oryx frangé ou à oreilles frangées (Oryx callotis), qui rejoignent ainsi l’oryx beïsa (Oryx beïsa), l’oryx gemsbok (Oryx gazella), l’oryx algazelle (oryx dammah) et l’oryx d’Arabie.

Capable de détecter la pluie

Mesurant entre 80 et 102 cm au garrot pour une masse oscillant de 50 à 90 kg, l’oryx d’Arabie est le plus petit de tous. Il arbore une robe blanche ornée d’une tache triangulaire brune sur le front. Ses pattes marron sont soulignées de bandes blanches aux chevilles, juste au-dessus des sabots. Mâles et femelles disposent de longues cornes droites et annelées pouvant mesurer jusqu’à 80 cm.

ORYX FEMELLE PARIS OK

L’une des trois femelles oryx du Jardin des Plantes en mai 2012 (Photo Ph. Aquilon).

Originaire de la péninsule arabique où les températures dépassent parfois 50° Celsius en été, cet ongulé est capable de survivre plusieurs mois sans boire. L’oryx d’Arabie se nourrit essentiellement d’herbacées, de bulbes, de pousses d’acacias ou de jujubiers et de fruits. Il possède la faculté de détecter les précipitations dans un rayon de 100 km. Comptant jusqu’à une quinzaine d’individus, les troupeaux se composent d’un mâle avec une ou plusieurs femelles et leurs petits. Les autres mâles adultes vivent seuls. La gestation dure environ 8 mois, la maturité sexuelle étant atteinte vers l’âge d’un an et demi. La longévité de l’oryx d’Arabie atteint une vingtaine d’années. À noter que l’espèce pratique le contrôle des naissances, la fécondité de femelles dépendant des ressources alimentaires à la disposition du troupeau.

Capturé pour mieux être relâché

Durant la décennie 1960, des individus furent prélevés dans la nature afin de constituer une population captive génétiquement viable et d’éviter ainsi les problèmes liés à la consanguinité dans l’optique de futurs relâchers. Concurrence avec le bétail, braconnage et chasse furent les principales causes de la disparition de l’espèce à l’état sauvage. Dans les années 1950, l’oryx d’Arabie est considéré comme éteint dans le nord de son aire de répartition. Dix ans plus tard, cette espèce ne survit plus que dans le centre et le sud du sultanat d’Oman, à la pointe méridionale de la péninsule arabique.

Grâce aux programmes de conservation ex situ menés dans les institutions zoologiques, l’oryx d’Arabie a ainsi été sauvé de l’extinction et sa réintroduction rendue possible à l’orée des années 1980.

ORYX ABOU DABI

Oryx dans le désert à l’Ouest d’Abou Dabi (Photo wikipédia).

Dès 1982, des individus sont relâchés dans le sanctuaire de Jiddat al Harasis à Oman, créé dans la région désertique d'Al-Wusta où le dernier spécimen sauvage aurait été abattu en 1972. Plus tard, entre 1990 et 1993, près de 70 oryx sont réintroduits dans la réserve de Mahazat as-Sayd, en Arabie saoudite. En 1995, toujours en Arabie saoudite, 139 individus sont relâchés dans l’aire protégée d’Uruq Bani Ma’arid. En 1997, en Israël, des oryx sont réintroduits dans trois sites, situés dans le désert du Néguev et dans l’Arabah, région frontalière avec la Jordanie entre la mer Morte et le golfe d’Aqaba. En 2007, un nouveau relâcher a lieu dans l’ «Arabian Oryx Reserve» à Abou Dabi, dans les Émirats arabes unis. Enfin, début 2009, les oryx d’Arabie sont de retour dans le désert du Wadi Rum, en Jordanie.

Une petite population d’oryx a également été relâchée sur les îles Hawar, un archipel du Bahreïn et d’importants groupes d’oryx vivent en semi-liberté sur différents sites au Qatar.

Par ailleurs, un comité régional de conservation de l’oryx d’Arabie a été fondé en 2007. Cet organisme intergouvernemental est chargé de coordonner les efforts de sauvegarde entrepris dans la péninsule arabique.

Des effectifs stables

Actuellement, la population sauvage est estimée à un millier d’individus répartis de la façon suivante : 50 spécimens à Oman, 600 en Arabie saoudite (400 à Mahazat as-Sayd et 200 à Uruq Bani Ma’arid), environ 200 aux Émirats arabes unis, plus de 100 en Israël et une cinquantaine en Jordanie. À Oman, où les effectifs avaient atteint le seuil des 450 individus, les captures illégales d’animaux vivants ont fait dramatiquement chuter le nombre d’oryx sauvages dont la population est désormais exclusivement composée de mâles. En Arabie saoudite, les données restent à peu près stables à Uruq Bani Ma'arid, mais le nombre d’animaux a diminué à Mahazat as-Sayd, site entièrement clôturé arrivé à saturation. La population israélienne augmente lentement mais de façon régulière. Il en va de même dans pour l’ «Arabian Oryx Reserve» d’Abou Dabi.

ORYX RESERVE ISRAEL

Oryx dans la réserve de Yotvata Hai-Bar, en Israël (Photo Shlomi Chetrit).

Par ailleurs, les spécialistes estiment qu’entre 6.000 et 7.000 individus sont aujourd’hui élevés en captivité dans le monde, essentiellement en Arabie.

L’oryx d’Arabie est inscrit à l’Annexe I de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction), liste regroupant les espèces animales et végétales dont la survie est la plus compromise. La CITES en interdit généralement le commerce international et le transport. Depuis 2011, l’oryx d’Arabie est considéré comme vulnérable par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), après avoir longtemps été classé «en danger».  Son statut actuel est attribué aux espèces confrontées à un risque élevé d’extinction à l’état sauvage.

Outre la Ménagerie du Jardin des Plantes de Paris, plusieurs parcs animaliers français élèvent des oryx d’Arabie : le zoo de Lunaret à Montpellier (Hérault), le Safari de Peaugres (Ardèche), le zoo de Thoiry (Yvelines) et le zoo de Champrépus (Manche).

Sources : Ménagerie du Jardin des Plantes de Paris, Marwell Wildlife, UICN, Lettre de la SECAS, Zootierlist.

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