Le cerf élaphe, animal de l’année 2017 en Suisse !
En désignant le cerf élaphe (Cervus elaphus) « animal de l’année 2017 » en Suisse, l’association helvétique pour la protection de la nature Pro Natura souhaite alerter le grand public sur la nécessité de corridors écologiques pour la faune sauvage.
Victime de la chasse et de la réduction de son habitat, le cervidé avait été pratiquement exterminé de la Confédération au milieu du XIXème siècle. Seuls quelques spécimens ayant échappé aux fusils survivaient dans le canton des Grisons, le plus oriental du pays. L’espèce fit d’ailleurs son retour à partir de 1870 depuis l’Autriche voisine.
Le cerf a alors bénéficié de la loi fédérale sur la chasse adoptée le 23 octobre 1875. Celle-ci a limité les périodes de tir, protégé les biches et instauré les premiers districts francs afin de favoriser « la protection et la conservation des mammifères et oiseaux sauvages rares et menacés ainsi que la protection et la conservation de leurs biotopes ».
(Photo: Prisma / Bernhardt Reiner)
Aujourd’hui, la population suisse de cerfs est estimée à quelque 35.000 individus. Pour autant, le grand ruminant n’a pas encore reconquis l’ensemble de son aire de répartition originelle. Le repeuplement s’étant effectué par le Tyrol, la majorité des hardes vivent dans le sud-est des Alpes. D’autres noyaux de population sont présents sur le Plateau et dans le Jura.
« Le cerf est freiné dans son expansion naturelle par les obstacles souvent infranchissables que constituent les autoroutes, les voies ferrées et les agglomérations », relève Pro Natura. Ces écueils perturbent également les déplacements saisonniers et quotidiens du « roi des forêts ».
« Dans nos paysages toujours plus fragmentés, il est urgent de recréer davantage de corridors faunistiques dans lesquels les animaux sauvages pourront à nouveau évoluer librement », souligne le biologiste Andreas Boldt. La nouvelle campagne de Pro Natura sur ce thème a été baptisée « Voie libre pour la faune sauvage ! ».
« Léthargie hivernale »
Par ailleurs, le choix du cerf comme « animal de l’année 2017 » permet à l’association de souligner l’importance du respect des zones de tranquillité. Celles-ci ont été établies pour protéger la faune des dérangements liées aux activités de loisir.
Afin de survivre à la saison froide, les animaux ont en effet développé des stratégies destinées à réduire leurs dépenses énergétiques et à préserver leurs réserves de graisse. Le métabolisme du cerf élaphe est ainsi considérablement réduit en hiver. La contenance de la panse diminue alors de 20 à 25 % en raison d’une nourriture peu abondante et pauvre en éléments nutritifs. Les villosités du rumen s’atrophient également. L’animal baisse aussi sa température corporelle et son rythme cardiaque. À la fin de l’hiver, ce dernier est jusqu’à 60 % inférieur au maximum annuel, mesuré début juin.
En hiver, la fuite engendrée par un dérangement provoque une importante et brutale dépense d’énergie (Photo Eric Dragesco).
Par ailleurs, le cerf est capable de réduire l’irrigation sanguine de ses membres et des parties externes de son corps avec, à la clef, une baisse de la température des régions concernées. Il peut maintenir jusqu'à neuf heures cet état de « léthargie hivernale » offrant une économie d’énergie estimée entre 13 et 17 %.
Chaque fuite contraint l’animal à relancer son métabolisme en quelques fractions de seconde, entraînant une énorme dépense énergétique. Les effets des dérangements hivernaux sur le cerf, et vraisemblablement sur d’autres ongulés, auraient été jusqu’à présent sous-estimés.