Le crapaud accoucheur désigné « Animal de l’année 2013 » en Suisse

22 février 2013

Le crapaud accoucheur désigné « Animal de l’année 2013 » en Suisse

Un crapaud, emblème de l’année 2013 ! Une reconnaissance et un espoir pour un animal méconnu, parfois mal-aimé mais surtout très menacé à l’instar de nombre d’amphibiens. L’association helvétique pour la protection de la nature Pro Natura a ainsi choisi de mettre en lumière le crapaud accoucheur (Alytes obstetricans) dont près de la moitié des populations recensées se sont éteintes en Suisse au cours du dernier quart de siècle. Plus ancienne organisation suisse de protection de la nature, la Ligue suisse pour la protection de la nature (LSPN) a été fondée en 1909 pour financer le bail du Parc national en Basse-Engadine, dans le canton des Grisons. En 1997, la LSPN a été rebaptisée Pro Natura - Ligue suisse pour la protection de la nature.

Après le lièvre brun, le renard agile, le bouquetin, l'ombre commun, le caloptéryx éclatant (un insecte), l'ours brun, l'abeille à longues antennes, le lombric et l'oreillard commun, le crapaud accoucheur a été désigné «Animal de l'année» par l'association Pro Natura (Photo Axel Birgin Pro Natura).

Les zones humides s’évaporent

Le crapaud accoucheur est principalement victime de la destruction de son habitat liée à l’assèchement des zones humides. Comme le souligne Pro Natura, «le fameux «château d’eau suisse» est devenu trop sec : les rivières sont canalisées, les ruisseaux mis sous tuyau, les mares et les étangs asséchés et les prairies humides drainées». Désormais, neuf zones humides sur dix se retrouvent aujourd’hui à sec.

Les lieux de frai de l’alyte accoucheur sont de plus en plus isolés tandis que les plans d’eau et les rivières s’asséchant périodiquement deviennent rares. Or, en l’absence de prédateurs comme les poissons et les larves de libellules, œufs et têtards y sont à l’abri. Parmi les autres menaces planant sur les amphibiens suisses (comme français) figurent la circulation routière, l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques ou l’apparition d’un champignon invasif.

La durée de vie du crapaud accoucheur est d'environ 5 ans (Photo Axel Birgin Pro Natura).

Le chytride (Batrachochytrium dendrobatidis) bloque les organes respiratoires des amphibiens, entraînant la mort des individus infectés. Depuis 2009, l’épizootie touche l’Europe. En France, le chytridiomycose aurait notamment provoqué la mort de nombreux crapauds accoucheurs au lac d'Arlet, dans la vallée d’Aspe (Pyrénées-Atlantiques).

Péril sur les amphibiens

Le choix du crapaud accoucheur comme animal de l’Année permet donc à Pro Natura de tirer la sonnette d’alarme face à la situation inquiétante des grenouilles, crapauds, salamandres et tritons sur le territoire de la Confédération où 14 des 20 espèces d’amphibiens sont en péril. L’association milite pour une meilleure protection des écosystèmes existants et pour la reconstruction de zones humides.

La «grenouille clochette»

Présent en Europe occidentale depuis l’Ouest de l’Allemagne jusqu’au Portugal, le crapaud accoucheur occupe, en Suisse, les régions vallonnées du Moyen Pays, le Jura et les Préalpes iù il vit jusqu’à 1650 m d’altitude. Il est en revanche absent des Alpes. En France, son aire de répartition couvre, de façon morcelée, l’ensemble du territoire. Rare dans le Nord et l'Est comme dans les plaines littorales, l’alyte accoucheur est commun dans les zones montagneuses comme le Massif central et les Pyrénées où on le rencontre jusqu’à 2400 m d’altitude.

L'alyte accoucheur appartient à l'ordre des anoures. Celui-ci regroupe les amphibiens dépourvus de queue et possédant une large tête, des pattes postérieures et une ceinture pelvienne très développées leur permettant de sauter. Grenouilles, rainettes, crapauds et sonneurs sont classés comme anoures (Photo Jan Ryser Pro Natura).

Certains spécialistes distinguent jusqu'à 3 sous-espèces de crapaud accoucheur : Alytes obstetricans obstetricans dans la majorité de l'aire de répartition, Alytes obstetricans almogavarii au nord-est d'Espagne, dans les Pyrénées-Orientales ainsi qu'au sud de l'Aude et enfin Alytes obstetricans boscai au nord et à l'ouest de la péninsule ibérique.

Discret et ne possédant pas de sac vocal, le crapaud accoucheur est pourtant identifiable à son chant, lequel évoquerait, aux oreilles des montagnards, le tintement d’une clarine de mouton. En Suisse alémanique, le crapaud accoucheur est d’ailleurs appelé «Glögglifrosch», la «grenouille clochette». Son chant peut être confondu avec celui du petit-duc scops ou hibou petit-duc (Otus scops).

Nocturne et amateur d’insectes

Mesurant entre 3,5 et 5 cm, ce petit amphibien au corps trapu, à la peau verruqueuse et aux yeux proéminents, se distingue des autres crapauds par sa pupille verticale en forme de losange. Crépusculaire et nocturne, le crapaud accoucheur se nourrit principalement d’insectes (moustiques, coléoptères, larves de mouches) mais il consomme également des gastéropodes (escargots ou limaces), des araignées, des vers de terre, des diplopodes (mille-pattes) ou encore des cloportes.

Chez le crapaud accoucheur, le mâle est plus petite que la femelle (Photo Jan Ryser Pro Natura).

Hibernant hors de l’eau d’octobre à mars (parfois plus tôt dans les régions méridionales), l’alyte accoucheur passe la saison froide dans des cavités, des terriers ou même des caves humides. Puis sonne l’heure de la période de reproduction et des chants nuptiaux des mâles.

Le mâle s’occupe de tout !

L'accouplement a lieu sur la terre ferme, pendant la nuit ou au crépuscule. Le mâle enroule les cordons d’œufs autour de ses pattes postérieures et les porte ainsi durant 3 à 6 semaines. Un mâle peut courtiser plusieurs femelles et porter simultanément leurs pontes. Par temps sec, il humidifie les œufs en les trempant dans l’eau.

En France comme en Suisse, l'alyte accoucheur est le seul anoure à se reproduire hors de l'eau (Photo Dave Augustin Pro Natura).

Estimé à 40 %, le taux de survie des têtards est supérieur à ceux relevés chez les autres amphibiens. Mares, étangs comme rivières et ruisseaux à débit lent conviennent aux larves, peu exigeantes sur la qualité de l'eau, dont la métamorphose peut intervenir avant l'hiver ou après l'hivernage.

Refuges au jardin

De fait, le crapaud accoucheur a besoin d’un environnement où se côtoient zones humides et emplacements terrestres appropriés. Bien que terrestre, le crapaud accoucheur vit en efffet dans un rayon de 100 m autour d'un point d'eau. Cet anoure apprécie les talus ensoleillés au sol meuble dans lequel il creuse des cavités où il se terre pendant la journée. Dans les jardins, les murs lézardés, les tas de sable et de bois ou même les plates-bandes constituent autant de refuges éventuels pour le crapaud accoucheur. Un bon jardin n’est-il pas avant tout un jardin vivant où la nature s’épanouit…

Source : Pro Natura, site «Reptiles & amphibiens de France», Wikipédia.

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Tags: Pro Natura, animal suisse de l'année, crapaud accoucheur, amphibien