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Biodiversité, faune & conservation
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23 octobre 2019

La liste 2018-2020 des 25 primates les plus menacés au monde dévoilée

Mise à jour tous les deux ans et établie par le groupe des spécialistes des primates (PSG) de la commission de sauvegarde des espèces de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la société zoologique de Bristol (BZS), la société internationale de primatologie (IPS) et l’organisation non gouvernementale Conservation International (CI), la liste 2018-2020 des 25 primates les plus menacés au monde a été dévoilée lundi 7 octobre 2019.

PRIMATES EN PERIL

Huit nouvelles (sous)-espèces apparaissent dans cette dixième édition réalisée durant le XXVIIème congrès de l’IPS organisé du 19 au 25 août 2018 à Nairobi, au Kenya. Parmi celles-ci figure notamment l'orang-outan de Tapanuli (Pongo tapanuliensis) dont l’aire de répartition est restreinte à la région de Batang Toru, au nord de l’île de Sumatra, en Indonésie. Rapportée dès 1939, l’existence de cet anthropoïde avait été confirmée par une expédition menée en 1997 mais sa reconnaissance comme espèce à part entière remonte à seulement deux ans avec la publication, le 2 novembre 2017 dans la revue Current Biology, des conclusions de recherches phylogénétiques effectuées par une équipe conduite par l’anthropologue Michael Krützen de l’université suisse de Zurich.

Estimée au total à quelque 800 individus, la population de cet hominidé, le premier identifié depuis la découverte du bonobo en 1929 en République démocratique du Congo, se trouve scindée en trois groupes répartis sur environ 1.000 km² et dont un seul, comptant environ 500 spécimens, est jugé suffisamment important pour être viable.

ORANG-OUTAN DE TAPANULI (PHOTO MAXIME ALIAGA)

Orang-outan de Tapanuli (photo Maxime Aliaga).

Déjà compromise par la déforestation et le braconnage, la survie de l'orang-outan de Tapanuli est désormais menacée par la construction d’un barrage hydroélectrique au cœur de son habitat le plus sensible. Validé débat mars 2019 par la justice indonésienne, ce projet entraînerait l’inondation de 8 % de la distribution actuelle de ce primate avec, à la clef, la disparition de 10 à 20 % des derniers orangs-outans de la forêt de Batang Toru. Par conséquent, la section hominidés du PSG a demandé aux autorités locales de suspendre ce programme dont les conséquences seraient désastreuses pour la survie de cette espèce encore largement méconnue. « La présence de l'orang-outan de Tapanuli sur la liste officielle des primates les plus menacés au monde n'est pas surprenante au regard des dangers pesant sur cette petite population, mais cela  s’avère aussi une formidable opportunité », estime Dirck Byler, directeur de la conservation des grands singes au sein de l’ONG Global Wildlife Conservation (GWC) et vice-président de la section hominidés du PSG.

Décrit lui aussi en 2017 dans un article paru le 10 janvier dans l’American Journal of Primatology, le gibbon hoolock de Skywalker (Hoolock tianxing) a également intégré la liste 2018-2020. Selon le biologiste de la conservation Fan Peng-Fei, chercheur et enseignant à l’université chinoise Sun Yat-sen de Canton, à peine 200 de ces hylobatidés évolueraient à l’état sauvage dans l’empire du Milieu. Le nombre de ces gibbons vivant dans l’est du Myanmar voisin n’a pas été évalué.

La fragmentation de leur habitat à cause de l'empiètement agricole et de l'exploitation forestière, ainsi que le braconnage pour le commerce de viande de brousse et le trafic d’animaux de compagnie, constituent les principaux périls pour le futur de ces gibbons.

GIBBON HOOLOCK DE SKYWALKER (PHOTO FAN PENGFEI)

Gibbon hoolock de Skywalker (photo Fan Penfei).

Nouveaux arrivants et  revenants

Six autres taxons ont également rejoint pour la première fois le cercle des primates retenus pour le haut degré de menace planant sur leur avenir :

° le microcèbe de Nosy Be (Microcebus manitatra) / Madagascar,

° le chimpanzé d’Afrique de l’Ouest (Pan troglodytes verus) / Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Sénégal et Sierra Leone,

° le capucin à front blanc équatorien (Cebus aequatorialis) / Équateur et Pérou,

° le marmouset ou ouistiti à oreilles blanches (Callithrix aurita) / Brésil,

° le tamarin bicolore (Saguinus bicolor) / Brésil,

° et le titi d'Olalla (Plecturocebus olallae) / Bolivie.

TAMARIN BICOLORE EN CAPTIVITE

Mâle tamarin bicolore et ses petits au parc zoologique et botanique de Mulhouse en 2015 (photo Ph. Aquilon).

Par ailleurs, quatre espèces, ayant figuré dans de précédentes éditions de la liste avant d’en être sorties, ont été réintégrées :

° l’indri (Indri indri) / Madagascar.

° le colobe bai à tête rousse ou colobe roux de la Tana (Piliocolobus rufomitratus) / Kenya,

° le galago nain de Rondo (Galago rondoensis) / Tanzanie,

° et le kipunji (Rungwecebus kipunji) / Tanzanie.

Toujours au bord du gouffre

La situation de nombreux primates sur le point de disparaître nécessite des aides urgentes. 69 % des 704 espèces et sous-espèces recensées sont aujourd’hui menacées. Et 43 % figurent comme « en danger » ou « en danger critique » d’extinction sur la liste rouge de l’UICN, certaines comptant à peine quelques dizaines ou centaines d'individus.

Les experts ont ainsi décidé que les taxons suivants devaient être maintenus au sein des 25 primates les plus exposés de la planète :

° l’aye-aye (Daubentonia madagascariensis) / Madagascar,

° l'hapalémur du lac Alaotra (Hapalemur alaotrensis) / Madagascar,

° le lépilémur de Manombo ou lépilémur de James (Lepilemur jamesorum) / Madagascar,

° le cercopithèque de Roloway (Cercopithecus roloway) / Côte d’Ivoire et Ghana,

° le colobe bai nigérien ou colobe bai du delta du Niger (Piliocolobus epieni) / Nigeria,

° le colobe de Geoffroy ou colobe magistrat (Colobus vellerosus) / Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo et possiblement Nigeria,

° l’atèle de Geoffroy (Ateles geoffroyi) / Costa Rica, Guatemala, Honduras, Mexique, Nicaragua et Panama,

° le hurleur brun (Alouatta guariba) / Argentine et Brésil,

° le langur ou semnopithèque de Cat Ba (Trachypithecus poliocephalus) / Vietnam,

° le langur ou entelle doré (Trachypithecus geei) / Bhoutan et Inde,

° le loris lent de Java (Nycticebus javanicus) / Indonésie,

° le nasique des îles Pagai ou langur à queue de cochon (Simias concolor) / Indonésie,

° et le semnopithèque blanchâtre (Semnopithecus ou Trachypithecus vetulus) / Sri Lanka.

LANGUR DE CAT BA (PHOTO NEAHGA LEONARD)

La population totale du langur de Cat Ba est évaluée entre 50 et 60 individus. L’aire de répartition de ce cercopithécidé se limite à l’île éponyme située au nord du Vietnam, en baie d’Along. La chasse serait l’unique cause du dramatique déclin de ce singe dont les effectifs ont chuté de quelque 2.400 - 2.700 spécimens dans les années 1960 à une cinquantaine en 2000. Ces langurs ont notamment été braconnés pour la fabrication de remèdes traditionnels (photo Neahga Leonard).

Nouvelle catégorie

Douze taxons mentionnés sur la liste précédente ont été retirés de la nouvelle version. Pour autant, leurs conditions ne se sont pas forcément améliorées, plusieurs s’étant même dégradées. « En procédant à ces changements, nous entendons mettre en évidence d'autres primates étroitement liés et tout aussi fragiles », expliquent les auteurs du rapport. Ont donc été enlevés de la liste 2018-2020 :

° le maki catta (Lemur catta) / Madagascar,

° le microcèbe du Gerp (Microcebus gerpi) / Madagascar,

° le propithèque de Perrier (Propithecus perrieri) / Madagascar,

° le galago des montagnes (Paragalago orinus) / Tanzanie,

° le gorille des plaines orientales (Gorilla beringei graueri) / République démocratique du Congo,

° le gibbon de Hainan (Nomascus hainanus) / Chine,

° le macaque nègre ou macaque des Célèbes (Macaca nigra) / Indonésie (Célèbes),

° l'orang-outan de Bornéo (Pongo pygmaeus) / Indonésie et Malaisie,

° le rhinopithèque du Tonkin (Rhinopithecus avunculus) / Vietnam,

° l’atèle ou singe-araignée à tête brune de l’Équateur (Ateles fusciceps) / Colombie, Équateur et Panama,

° le capucin des Ka'apor (Cebus kaapori) / Brésil,

° et le titi de Caquetá (Plecturocebus caquetensis) / Colombie.

GORILLE DES PLAINE ORIENTALES (PHOTO STUART NIXON)

Gorille des plaines orientales (photo Stuart Nixon).

Fruit des débats menés à Nairobi, une nouvelle catégorie intitulée « autres espèces considérées » inclut désormais des primates à la situation tout aussi précaire que celle des 25 autres retenus dans la liste finale :

° le gorille des plaines orientales (Gorilla beringei graueri) / République démocratique du Congo,

° le macaque nègre ou macaque des Célèbes (Macaca nigra) / Indonésie (Célèbes),

° le rhinopithèque du Tonkin (Rhinopithecus avunculus) / Vietnam,

° le semnopithèque chrysomèle (Presbytis chrysomelas) / Brunei, Indonésie et Malaisie,

° et le tarsier de l’île Siau (Tarsius tumpara) / Indonésie.

RHINOPITHEQUE DU TONKIN (PHOTO NGUYEN VAN TRUONG)

Rhinopithèque du Tonkin (photo Nguyen Van Truong).

« Ce rapport met en lumière les sombres perspectives concernant des animaux parmi les plus incroyables au monde », relève Christoph Schwitzer, directeur zoologique de la BZS et coordinateur de la liste rouge de l'UICN pour le groupe de spécialistes des primates. « Certains sont bien connus, d'autres à peine étudiés, mais tous risquent de s’éteindre en raison de la destruction continue de leurs habitats, du commerce illégal des espèces sauvages et du braconnage pour la viande de brousse. »

« Je garde pourtant espoir », assure M. Schwitzer. « Les questions environnementales suscitent un intérêt sans précédent, en particulier chez les jeunes générations. Leur soutien, associé à des programmes de sauvegarde efficaces, est vital si nous ne voulons pas perdre à jamais ces espèces merveilleuses et charismatiques. Ce document démontre aussi l’importance croissante de la collaboration entre les chercheurs, la communauté de la conservation et les institutions zoologiques. »

« Malgré les conclusions du rapport, nous tenons aussi à partager et célébrer des réussites exemplaires », renchérit le Dr Grainne McCabe, directrice scientifique et de la conservation in situ à la société zoologique de Bristol. « Il convient de s’en inspirer pour les reproduire. En 2014, plusieurs primates vietnamiens ont été inscrits sur cette liste. Le gouvernement a alors édité des timbres postaux à leur effigie pour sensibiliser les habitants au sort de ces singes. En parallèle, le renforcement de diverses aires protégées a entraîné une hausse des effectifs pour certaines espèces, comme le langur de Cat BaComme l'a si bien dit sir David Attenborough, " personne ne protégera ce dont il ne se soucie pas et personne ne se souciera de ce qu'il n'a jamais éprouvé ". »

Pour consulter ou télécharger le rapport 2018-2020 (en anglais) : www.globalwildlife.org/wp-content/uploads/2019/10/Primates-in-Peril-2018-2020-2.pdf

Sources  principales : UICN, Bristol Zoo Gardens.

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