Un écureuil américain sauvé de l’extinction
Du bison des plaines (Bison bison) au putois à pieds noirs (Mustela nigripes) en passant par le condor de Californie (Gymnogyps californianus), l’histoire de la conservation en Amérique du Nord s’enorgueillit de quelques exemples de sauvetages édifiants. Le dernier en date concerne un petit rongeur endémique d’une presqu’île bordée par l’océan Atlantique.
Parmi les premiers inscrits sur la liste des espèces en danger aux États-Unis où il figurait depuis 1967, l’écureuil-renard de la péninsule de Delmarva (Sciurus niger cinereus) en sera officiellement retiré au cours du mois de décembre 2015 par le Bureau américain de la pêche et de la vie sauvage (US Fish and Wildlife Service).
Écureuil-renard de la péninsule de Delmarva dans la réserve faunique nationale de Chincoteague, créée en 1943 dans l’État de Virginie (photo U.S. Fish and Wildlife Service Headquarters).
Il rejoindra ainsi la trentaine d’espèces - dont le pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus), l’alligator du Mississippi (Alligator mississippiensis) ou le faucon pèlerin (Falco peregrinus) - radiées de cette liste placée sous l’égide de l'Endangered Species Act (ESA), la loi fédérale adoptée en 1973 pour protéger la faune et la flore menacées de disparition et leurs écosystèmes.
Coups de fusils et tronçonneuses
Jadis présent dans l’ensemble de cette large péninsule de la côte Est mesurant près de 300 km de long sur 100 km de large et répartie sur les États du Delaware, du Maryland et de la Virginie, le sciuridé a été victime de la chasse au début du XXème siècle puis du déboisement pour l’agriculture et les taillis à courte rotation. En 1967, lors de l’inscription de l’écureuil-renard de la péninsule de Delmarva et de 77 autres espèces sur la liste de l’Endangered Species Preservation Act - remplacé en 1973 par l’ESA, l’aire de répartition du rongeur avait été réduite à moins de 10 % de sa surface originelle.
Aujourd’hui, la distribution de cette sous-espèce, dont la population s’élève à quelque 20.000 individus, s’est élargie de quatre à dix comtés et couvre 28 % de la péninsule, essentiellement dans le Maryland.
Appréciant les forêts matures associant pins et feuillus avec un sous-étage clair, ce rongeur se nourrit principalement de glands et des fruits du noyer - notamment le noyer blanc d’Amérique, du liquidambar et du pin à l’encens. En été et au début de l’automne, l’écureuil-renard consomme des pommes de pin mûres. Si besoin, il peut également manger des bourgeons, des fruits ou des graines, voire des insectes (photo Brian Gratwicke).
Selon Michael Bean, sous-secrétaire d'État adjoint au ministère de l’Intérieur pour la gestion de la pêche, de la vie sauvage et des parcs (Fish and Wildlife and Parks), le rétablissement des populations d’écureuils-renards témoigne de l’efficacité de l’ESA et couronne les efforts de conservation menés en commun par les gouvernements fédéral et des États, les propriétaires privés et la société civile.
Plus grand de tous les écureuils arboricoles d’Amérique du Nord, l’écureuil-renard ne présente aucun dimorphisme sexuel apparent. Les rongeurs vivant dans les régions occidentales sont généralement plus petits que leurs congénères orientaux. Arborant un pelage variant du gris argenté au gris ardoise avec un ventre blanc, l’écureuil-renard de la péninsule de Delmarva pèse environ 1,4 kg et mesure jusqu’à 30 cm de long, queue comprise. Cette dernière peut atteindre 18 cm.
Sources : Mongabay, FWS.