Samedi 20 et lundi 22 septembre 2014, journées internationales du panda roux et des rhinocéros
Aujourd’hui, samedi 20 septembre 2014, le petit panda ou panda roux (Ailurus fulgens) bénéficie de « sa » journée internationale afin de sensibiliser l’opinion publique aux menaces pesant sur son avenir.
Classé depuis 2008 comme vulnérable par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ce petit mammifère originaire de l’Himalaya et de la Chine méridionale, unique représentant du genre Ailurus, souffre non seulement de la perte et de la fragmentation de son habitat mais aussi du braconnage.
Il bénéficie d’un programme européen d'élevage et de conservation (EEP) géré par le zoo de Rotterdam (Pays-Bas). En 2013, vingt-deux parcs zoologiques européens ont obtenu des naissances de petits pandas.
Panda roux au Zooparc de Trégomeur, dans les Côtes-d’Armor, au printemps 2014 (photo Ph. Aquilon).
Mêmes causes, mêmes effets tragiques et même nécessité d’alerter l’opinion publique pour éviter des extinctions annoncées à brève échéance : la journée internationale des rhinocéros sera ainsi célébrée lundi 22 septembre alors que 2014 s’annonce comme une nouvelle année noire pour les rhinocéros africains.
Massacre dans le parc Kruger
Le braconnage s’est envolé à la fin des années 2000 après la soudaine explosion de la demande de corne de rhinocéros en provenance de Chine et du Vietnam. Cet appendice se négocie aujourd’hui à prix d’or sur le marché noir de la médecine asiatique qui lui confère diverses vertus totalement infondées scientifiquement.
Durant les six premiers mois de l’année 2014, 558 rhinocéros ont été tués en Afrique du Sud, dont 370 dans le seul parc Kruger. Lors du dernier recensement réalisé en 2013, la population des rhinocéros du plus vaste parc sud-africain, s’étirant sur 360 km du nord au sud et frontalier du Mozambique, était estimée entre 8.400 et 9.600 individus.
Face au fléau du braconnage, la ministre sud-africaine de l'Environnement, Edna Molewa, a annoncé en août dernier sa décision de capturer et d'envoyer des centaines d’animaux vers d'autres réserves jugées plus sûres. Mi-septembre, son ministère précisait que 227 trafiquants et braconniers avaient déjà été arrêtés dans l’ensemble du pays depuis janvier 2014.
Publiées voici quelques jours, les dernières données officielles font état de 760 rhinocéros tués dont 489 dans le parc Kruger, 103 dans la province du Limpopo, 65 dans le KwaZulu-Natal, 47 dans la province du Nord-Ouest et encore 43 dans celle du Mpumalanga.
Rhinocéros blancs du Sud, dont le jeune mâle Mapenzi né le 24 janvier 2014, au zoo de La Boissière-du-Doré (Loire-Atlantique) en août 2014 (photo Ph. Aquilon).
Recours aux drones
Dans la Namibie voisine, le porte-parole du ministère du Tourisme a annoncé début septembre le déploiement de drones pour lutter contre les braconniers sévissant dans certaines forêts du pays. Et plus au nord du continent, les protecteurs de l'environnement accusent les autorités kenyanes de cacher l'ampleur du braconnage des rhinocéros et des éléphants !
Aujourd’hui, l’UICN considère - pour combien de temps encore ? - le rhinocéros blanc du Sud (Ceratotherium simum simum) comme quasi menacé. Transférés au Kenya en décembre 2009 depuis le zoo tchèque de Dvůr Králové, seuls quatre représentants du rhinocéros blanc du Nord (Ceratotherium simum cottoni) survivent sur le sol africain. Cette seconde sous-espèce est évidemment classée en danger critique d’extinction, seuls trois autres spécimens étant hébergés dans des institutions zoologiques.
L’autre rhinocéros africain, le rhinocéros noir (Diceros bicornis), est également répertorié en danger critique d’extinction avec quelques nuances selon les sous-espèces. Si deux d’entre elles - le rhinocéros noir du Centre (D.b. minor) et le rhinocéros noir de l’Est (D. b. michaeli) - bénéficient de ce statut, la sous-espèce nominale - le rhinocéros noir du Sud-Ouest (D. b. bicornis) - est simplement vulnérable. La dernière, le rhinocéros noir d’Afrique de l’Ouest (Diceros bicornis longipes), a été officiellement déclarée éteinte par l’UICN le 11 novembre 2011.
Rhinocéros noir en juillet 2013 au Bioparc de Doué-la-Fontaine, dans le Maine-et-Loire (photo Ph. Aquilon).
Nouvelles réjouissantes du Népal
Désormais présent à l’état sauvage uniquement en Inde et au Népal – hormis un possible couple réintroduit en 1983 au Pakistan, le rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis), reconnu comme vulnérable, subit également les conséquences de la perte de son habitat et du braconnage. En mars 2014, deux braconniers ont ainsi été tués par des gardes dans la réserve indienne de Pobitora après avoir abattu un mâle adulte dont ils avaient scié la corne. Six autres trafiquants ont cependant réussi à s’enfuir après un échange de tirs nourris, les braconniers étant lourdement armés. Le mois précédent, deux braconniers avaient également été tués dans le parc national de Kaziranga.
Une bonne nouvelle est en revanche arrivée du Népal le 3 mars 2014, à l’occasion de la Journée mondiale de la faune et de la flore sauvages. Pour la seconde fois, l’État himalayen annonçait l’absence de braconnage concernant les trois mammifères emblématiques vivant au Népal - rhinocéros, tigre ou éléphant – durant 365 jours ! En 2011 déjà, aucun cas de braconnage n’avait été à déplorer. Et en 2012, un seul rhinocéros avait été victime des trafiquants.
Rhinocéros indien en mars 2014 au ZooParc de Beauval, à Saint-Aignan-sur-Cher (photo Ph. Aquilon).
En Asie du Sud-Est
La situation du rhinocéros de Sumatra (Dicerorhinus sumatrensis) est encore plus préoccupante. Jadis présente en Inde et au Bangladesh, l’une des trois sous-espèces (D. s. lasiotis) pourrait compter quelques ultimes représentants en Birmanie mais bien des spécialistes l’estiment éteinte.
Les populations des deux autres s’élèveraient entre 170 et 230 spécimens pour D. s. sumatrensis - présente à Sumatra et sans doute dans la péninsule malaise- et à une cinquantaine pour D. s. harrissoni, dans l’État de Sabah – et peut-être dans celui de Sarawak et dans le Kalimantan – sur l’île de Bornéo.
Rosa, femelle rhinocéros de Sumatra, en avril 2008 dans le Parc national de Way Kambas, au sud de l'île (photo Willem v Strien).
Enfin, moins d’une centaine de rhinocéros de Java (Rhinoceros sondaicus) vivent au sein du parc national d'Ujung Kulon, seul endroit au monde abritant encore cette espèce en en danger critique d’extinction.
Trois espèces bénéficient des programmes d’élevage (EEP) initiés par l’association européenne des zoos et des aquariums (EAZA). Celui du rhinocéros noir a été confié au zoo anglais de Chester, ceux des rhinocéros blanc et indien relevant respectivement du Beekse Bergen Safari Park (Pays-Bas) et du zoo de Bâle, en Suisse.
Pour toute information complémentaire concernant ces deux journées :
http://redpandanetwork.org/get-involved/international-red-panda-day