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Biodiversité, faune & conservation
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7 juillet 2014

Biodiversité de l’île Mayotte : les botanistes tirent la sonnette d’alarme !

La flore de Mayotte, cette île de l’océan Indien abritant une exceptionnelle biodiversité avec 36 espèces endémiques, est en danger : 43% des espèces y sont en effet menacées d’extinction, a annoncé cette semaine l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). « La végétation originelle a connu une régression extrême et les formations naturelles n'occupent plus aujourd'hui que 4 à 5% de la surface terrestre » précise le comité français de l’ONG dans un communiqué publié mercredi 2 juillet 2014.

Conduit par le Comité français de l’UICN, le Conservatoire botanique national de Mascarin, la Fédération des conservatoires botaniques nationaux et le Muséum national d’Histoire naturelle, cette étude préoccupante a été réalisée par un équipe de botanistes, experts de la flore mahoraise.

Sur les 610 espèces de plantes vasculaires indigènes - fougères, arbres, orchidées et autres plantes à fleurs, 5,9%  sont désormais considérées en « danger critique » à l’instar de l’emblématique  baobab malgache (Adansonia madagascariensis), déjà peu commun par le passé sur l’île. Aujourd’hui, seuls subsistent sept spécimens, pour la plupart situés dans des zones littorales soumises aux éboulis et aux glissements de terrain.

BAOBAB MALGACHE

Présent uniquement à Mayotte et Madagascar, le baobab malgache atteint jusqu’à 15 mètres de haut (photo Ryj).

Défrichement, espèces invasives et randonneurs !

Comme le palmier rufia (Raphia farinifera), 6,7% des espèces sont classées « en danger ». Jadis utilisé pour la construction des cases, ce palmier dont les feuilles mesurent jusqu’à 20 mètres « a perdu plus de la moitié de ses populations suite à la destruction et l'assèchement des milieux humides ».

30,7% des espèces bénéficient dorénavant du statut « vulnérables », tandis que 9,8 % sont « quasi menacées ». Les données s’avèrent insuffisantes pour 9% des espèces et 37,9 % d’entre-elles font l’objet de préoccupations mineures.

Forêts tropicales, mangroves et fourrés secs sont « défrichés pour être remplacés par des zones agricoles ou urbaines » ou  subissent des coupes illégales à cause de la valeur de certaines essences. Classé « vulnérable »,  l'ébène des Comores (Diospyros comorensis) est toujours abattu ! Et l’ocotée des Comores (Ocotea comoriensis), un arbre de la forêt humide dont les feuilles sont employées en médecine traditionnelle, figure parmi les espèces  « en danger critique ».

Même certains milieux peu accessibles, comme le sommet du mont Choungui, ne sont pas épargnés. Ici, la flore remarquable est mise à mal par le piétinement et l’érosion des sols liée à la surfréquentation du site par les randonneurs. Les scientifiques ont ainsi classé « en danger critique » le sari mri tele (Chionanthus cordifolius), un rarissime arbuste aux fleurs blanches endémique à cette zone s’étendant sur moins de 3 hectares.

MONT CHOUNGUI

Le piétinement et la mise à nu des sols du mont Choungui, dont le sommet culmine à 590 mètres d’altitude, menace désormais la pérennité de plusieurs espèces (photo Zembla976).

En outre, les activités commerciales et les mouvements humains ont introduit de nouvelles espèces sur cette île au climat tropical humide, devenue en mars 2011 le 101e département français. Certaines prolifèrent et concurrencent les plantes indigènes comme la vanille de Humblot. Les jeunes pousses de cette vanille sauvage souffrent ainsi de la présence de la corbeille d’or, une plante originaire d’Amérique tropicale envahissant le sol et formant des buissons denses. « Vulnérable », la vanille de Humblot subit aussi le défrichement et les brûlis destinés à étendre les cultures de banane, de manioc et d’igname.

Mesures de protection insuffisantes

Autre plante invasive, le choca vert (Furcraea foetida) colonise les milieux secs où pousse notamment l’aloé de Mayotte (Aloe mayottensis), une plante endémique considérée comme « en danger ». Dans la nature, son aire de répartition se limite à moins de 10 km².

L’UICN prône donc « la création d'espaces protégés et l’augmentation des moyens de surveillance pour stopper les collectes et les défrichements illégaux ». Selon les chercheurs, « les milieux terrestres de Mayotte sont peu protégés » et « les mesures de protection, lorsqu'elles existent, peu respectées ».

VANILLE DE HUMBLOT

Seules neuf populations de vanille de Humblot, réparties sur moins de 20 km², ont été dénombrées à Mayotte. Très peu de jeunes pieds ont été observés (lithographie de John Nugent Fitch).

Le Conservatoire botanique a déjà entrepris des recherches afin d’améliorer les connaissances relatives à la flore sauvage de l’île, de sensibiliser l’opinion publique ou de conserver les graines des espèces les plus rares et fragiles. L’élaboration de la  liste rouge des espèces menacées permettra d’orienter les actions de sauvegarde tout en soulignant la nécessité d’une urgente mise en œuvre de la stratégie biodiversité pour le développement durable de Mayotte adoptée en mai dernier.

Heureusement, la situation s’avère plus réjouissante côté océan. Abritant 25% de la biodiversité marine mondiale, Mayotte bénéficie d'un parc naturel marin créé en janvier 2010 dans la foulée du Grenelle de l'Environnement. Premier parc naturel marin d’outre-mer, il couvre l’ensemble de la zone économique exclusive, soit 68.381 km² (pratiquement la superficie de l’Irlande). Ceint d’une barrière récifale de 195 km de long, le lagon de Mayotte possède une seconde barrière interne, un phénomène géologique très rare. Le parc abrite notamment des mangroves et herbiers où viennent se réfugier dugongs, tortues marines et baleines.

Sources : UICN, Agence des aires marines protégées.

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