Mue de printemps pour la liste rouge des espèces menacées
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) vient de mettre à jour sa liste rouge des espèces menacées avec de nouvelles admissions et plusieurs changements de statuts. Voici un premier coup de projecteur sur ces révisions.
La vipère émeraude arboricole du Honduras (Bothriechis marchi), endémique du nord-ouest de cette république d’Amérique centrale, a été admise comme en danger d’extinction. Victime de la déforestation et des captures pour le marché animalier international, ce serpent venimeux souffre également de la diminution des populations d'amphibiens constituant une partie de son régime alimentaire. Cette vipère vit dans des forêts d’humidité moyenne situées entre 500 et 1.500 mètres d’altitude.
Les vipères émeraude arboricoles du Honduras mesurent souvent plus de 80 centimètres de long (photo avec l’aimable autorisation de Silviu Petrovan).
Aux mêmes causes, les mêmes effets
Subissant une chasse illégale alimentant le commerce d’animaux et la perte de son habitat, le lézard crocodile de Chine (Shinisaurus crocodilurus) rejoint également le cercle des espèces en danger. Unique représentant du genre Shinisaurus, ce saurien est endémique de République populaire de Chine et du nord-est du Viêt Nam. Des populations très fragmentées subsistent ainsi dans les provinces du Guangxi, du Guangdong, du Guizhou et du Hunan.
Bon nageur capable de plonger dans les cours d’eau pour échapper à ses prédateurs, le lézard crocodile affectionne les rivières et les lieux humides situés à une altitude comprise entre 500 et 700 mètres. Il se nourrit de petits crustacés d'eau douce, de poissons, de têtards et d’escargots d'eau. Diurne, ce lézard se réchauffe au soleil sur des branches proches ou surplombant l'eau. Malheureusement, l’exploitation forestière supprime les sites où le lézard peut se percher, détruit le substrat terrestre nécessaire à cette espèce et assèche ruisseaux et rivières.
Le lézard crocodile de Chine atteint jusqu’40 cm de longueur pour une masse d'environ 150 grammes (photo TimVickers).
Quand les rats quittent l’île
De son côté, le crapaud éthiopien d’Osgood (Altiphrynoides osgoodi), endémique des montagnes du centre et du sud du pays, a quitté le statut de vulnérable pour être dorénavant considéré en danger critique d’extinction. En effet, un seul spécimen a été observé depuis 1986. Si l’espèce survit encore dans la nature, sa population est certainement très limitée et ne dépasse peut-être pas une cinquantaine d’individus matures.
Bonne nouvelle en revanche pour le ténébrion de Frégate (Polposipus herculeanus), un coléoptère géant endémique de cette petite île granitique des Seychelles. Auparavant classé en danger critique d’extinction, cet insecte est désormais jugé vulnérable à la suite à l’éradication des rats sur Frégate. Cependant, à cause d’une aire de répartition très restreinte de 2,4 km2, ce coléoptère reste à la merci d’un prédateur invasif ou d’une catastrophe naturelle.
Arboricole et nocturne, le ténébrion descend à terre durant la nuit pour se nourrir. Les adultes consomment principalement des fruits, des feuilles et des champignons (photo Kennyannydenny).
Le ténébrion de Frégate est l’unique espèce d’insecte à bénéficier d’un programme européen d’élevage (EEP) géré par le zoo de Londres (Royaume-Uni) et auquel participe notamment le parc zoologique de Thoiry.
Sources : UICN, Wikipédia, parc zoologique de Thoiry.