Galápagos : première naissance d’un géospize des mangroves en captivité
Pour la première fois au monde, un géospize des mangroves (Camarhynchus heliobates) est né en captivité lundi 10 février 2014. Cet événement a eu lieu à la station de recherches Charles Darwin de Puerto Ayora sur l'île de Santa Cruz, dans l’archipel des Galápagos (Équateur) où un programme d’élevage en captivité a été initié par la Fondation Charles Darwin, la direction du Parc national des Galápagos et San Diego Zoo Global. Dix autres poussins ont éclos depuis.
Le géospize des mangroves mesure 14 cm de long pour une masse d’environ 18 gr (photo Michael Dvorak).
Le géospize des mangroves, l'une des espèces de passereaux plus connues sous le nom de pinsons de Darwin, est l'oiseau le plus menacé des Galápagos. Il est classé en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Sa population serait de 60 à 80 individus tandis que son aire de répartition est restreinte à moins de 30 hectares, situés dans deux parcelles de forêt de mangrove sur la côte ouest de l'île Isabela. Depuis cinq ans, aucun spécimen appartenant à une population résiduelle autrefois présente dans le sud de l’île n’a été identifié.
Avec un faible taux de jeunes parvenant à l’âge adultes, le géospize des mangroves est tout simplement en train de disparaître. Vivant sur un petit territoire, l’espèce se trouve également à la merci d’une épizootie ou de catastrophes naturelles comme les coulées de lave ou les incendies.
Larves tueuses
Début février dernier, 21 œufs et trois poussins nouvellement éclos ont été recueillis dans des nids de la forêt de Playa Tortuga Negra. Ils ont ensuite été transportés par hélicoptère vers l’incubateur et les installations de la station de recherches Charles Darwin.
Chrysalides de la mouche Philornis downsi dans un nid (photo J. O'Connor, Charles Darwin Fundation).
Le but de ce transfert était de limiter le risque que les oisillons soient infectés par les larves hématophages de la mouche Philornis downsi. Introduite accidentellement aux Galápagos où elle a été observée pour la première fois dans les années 1960, cette mouche pond ses œufs dans les nids des pinsons. Ses larves parasitent ensuite les oisillons en se nourrissent de leurs tissus et de leur sang, provoquant un taux de mortalité élevé chez les poussins.
« Nous avons développé des techniques d’élevage pour les très petits oiseaux insectivores dans nos centres de San Diego et d’Hawaï », relève Richard Switzer, directeur associé de l’écologie animale appliquée à San Diego Zoo Global. « Il est merveilleux de partager ces compétences pour la sauvegarde de la biodiversité aux Galápagos. »
Le protocole d’élevage à la main des jeunes géospizes des mangroves est particulièrement contraignant, les poussins devant être nourris quinze fois par jour (photo J.C. Ávila, Charles Darwin Fundation).
Pour Francesca Cunninghame, responsable scientifique du projet pour la Fondation Charles Darwin, « la réintroduction des jeunes dans la nature constituera le prochain grand défi. » Avant leur retour à Playa Tortuga Negra, les oiseaux seront acclimatés sur place dans une volière construite à cet effet puis relâchés dans la forêt où ils seront suivis par une équipe de terrain.
Parmi les divers partenaires de ce programme de conservation figurent notamment le Durrell Wildlife Conservation Trust et l’alliance mondiale Save Our Species lancée par l'UICN, le Fonds pour l'environnement mondial et la Banque mondiale afin d'appuyer des projets de conservation sur le terrain partout dans le monde.
Sources : Charles Darwin Foundation, San Diego Zoo.