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Biodiversité, faune & conservation
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20 mars 2013

Pierre Gay évoquera la sauvegarde des girafes du Niger ce samedi à Saint-Mandé

Samedi 23 mars 2013 à 14 heures, Pierre Gay, directeur général du Bioparc de Doué-la-Fontaine (49) et du zoo des Sables d’Olonne (85), donnera une conférence sur «les dernières girafes d’Afrique de l’Ouest» à la mairie de Saint-Mandé (94). À l’invitation de la Société d'Encouragement pour la Conservation des Animaux Sauvages (SECAS), il évoquera la sauvegarde des « girafes blanches » et la mission de l’Association de sauvegarde des girafes du Niger (ASGN), fondée en 1996.

LOGO GIRAFE DU NIGER

Depuis 2001, l’ASGN reçoit le soutien financier, technique et moral du Bioparc de Doué-la-Fontaine. D’autres parcs français apportent leur concours à l’association, à l’instar du zoo de la Tête d’or à Lyon, du zoo de Champrépus, de Touroparc, du Cerza, du zoo de La Barben ou encore du zoo de Maubeuge.

Cinquante ultimes rescapées

Cette année-là, le spectre de l’extinction à court terme plane au-dessus des ossicônes de la girafe du Niger, victime de la pression humaine (perte et fragmentation de l’habitat, chasse) et de l’aridification climatique. Seuls cinquante spécimens sont recensés.

GIRAFE DU NIGER 04

La girafe du Niger est étroitement liée à la brousse tigrée (Photo Yann Fauché et Alma Mulalic).

Au cours des années 1980, l’ultime troupeau vivant à proximité du fleuve Niger a migré d’une centaine de kilomètres vers l’est. Là, les girafes vivent durant la saison des pluies sur des plateaux peu peuplés à brousse tigrée où les ruminants trouvent des groupes d’arbres dont ils consomment les feuilles. Pendant les huit ou neuf mois de la saison sèche, les girafes rejoignent une vallée densément peuplée mais où les mares permanentes sont nombreuses.

Pas de « réserve » mais une aire surveillée

Afin de préserver l’habitat des géantes de la savane de l’expansion agricole, l’ASGN défend alors l’idée d’une aire surveillée.  Établie dans le canton de Kouré, au sud-ouest du pays, la zone girafe s’étend sur une superficie de 42 km2. Située à 60 km à l’est de la capitale, Niamey, la région compte 80.000 habitants. Les girafes y vivent en milieu naturel parmi la population.

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Entrée de l'aire surveillée près de Kouré (Photo dechevre.be/burkina)

Afin d’impliquer les habitants,  l’ASGN finance divers projets communautaires. Plusieurs villages ont ainsi été dotés de forages d'eau potable ou de moulins à grains. Des banques céréalières sont mises en place. L’achat de semences et d'engrais  améliore aussi le rendement des exploitations agricoles. En outre, des prêts sans intérêts sont consentis aux femmes afin qu’elles puissent créer de petits commerces.

Les habitants récoltent les fruits de leur présence

Tirant avantage de la présence des girafes, les populations sont directement concernées par la sauvegarde des girafes dans leur environnement naturel, d’autant que le développement de l'écotourisme leur offre une manne financière appréciable. Les 45 villages de la zone girafe se partagent les recettes du tourisme.

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Troupeau de girafes de la sous-espèce G. c. peralta dans la brousse nigérienne (Photo dechevre.be/burkina).

En 2009, elles s’élevaient à près de 31.000 €.  La moitié de cette somme est consacrée au fonctionnement administratif de la zone girafe, du salaire des guides à l’entretien du parc automobile. 40 % des recettes sont dévolues aux infrastructures mises au service des habitants et les 10% restants financent différents travaux d’aménagement.  Et lorsque les girafes causent des dégâts aux cultures, les victimes sont indemnisées grâce à un fonds constitué sur les recettes du tourisme. Un programme d’éducation environnementale a également été entrepris dans les écoles de la zone girafe.  

Toutes ces activités développées autour de la présence des girafes ont freiné l’exode rural vers les régions côtières. Néanmoins, en 2010, les premiers cas de braconnage ont été signalés avec la mort de deux girafes dont l’abattage est passible de cinq ans de prison.

Projet revu, corrigé et amélioré

Dans sa phase initiale, le Projet girafe a suscité quelques réserves comme celles émises par Anne Luxereau (CNRS/ MNHN) dans un article publié en 2004 dans la revue Anthropozoologica («Des animaux ni sauvages ni domestiques, les «girafes des Blancs» au Niger»). L’auteur y soulignait par exemple que les sociétés d’agro-éleveurs concernées «n’ont pas été consultées lors de  l’élaboration du Projet et peu lors de sa réalisation». Elle remettait aussi en question la prétendue «tradition de protection des girafes par les populations locales» et relevait que la zone d’intervention du Projet avait été initialement délimitée selon des critères purement éthologiques, tranchant «hardiment dans les unités spatiales administratives, sociales et écologiques».

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En 2001, Pierre Gay a lancé les Projets Nature du BioParc de Doué-la-Fontaine. Ces actions de conservation et de protection sur le terrain d’espèces animales menacées intègrent les intérêts des communautés humaines des aires concernées (Photo Ph. Aquilon).

Toutefois, Anne Luxereau notait qu’il aurait été «erroné de ne voir dans ce projet qu’un reflet de la domination culturelle du Nord car il a été approuvé de manière consensuelle par les autorités nationales même si les attentes sont loin d’être identiques et suscitent aujourd’hui des tensions ».  En conclusion, cet article paru voici près d’une décennie constatait que des dynamiques étaient alors à l’œuvre et que «l’émergence d’un troupeau en bien commun géré (…) par une collectivité qui en tire des bénéfices (…) et qui a la volonté de les maintenir» était peut-être proche. L’avenir semble avoir confirmé cette prédiction optimiste.

Six fois plus nombreuses aujourd’hui

En l’espace de quinze ans, grâce aux efforts conjoints de l’État nigérien, de l’Union européenne, de l’ASGN et de l’Organisation Néerlandaise de Développement (SNV), la population de girafes a repris du poil de la bête. Réalisé en 2011, le dernier recensement fait état de 310 individus, 146 mâles et 164 femelles dont 26 gestantes. Six fois plus qu’en 1996 ! En 2010, une tentative d'équiper plusieurs girafes en colliers émetteurs pour suivre leurs déplacements par satellite a échoué.

GIRAFE DU NIGER 06

Directrice scientifique du zoo des Sables d’Olonne (Vendée), Sandrine Silhol a publié un ouvrage documentaire sur la girafe blanche du Niger dans la collection «Animaux méconnus en danger»aux Éditions D'orbestier. À partir de 8 ans.

La région n’abritant pas de prédateurs, les girafes sont essentiellement menacées par la destruction de leur environnement et le braconnage. Certains organes de l’animal sont en effet utilisés dans la médecine traditionnelle par les guérisseurs.

Une sous-espèce scientifiquement reconnue

Reconnaissable aux taches claires de sa robe,  la girafe du Niger a été confirmée comme sous-espèce à la suite d’une étude génétique publiée en 2007. Celle-ci a confirmé le caractère distinct de la girafe du Niger que certains scientifiques envisageaient de confondre avec la girafe de Kordofan (Giraffa camelopardalis antiquorum).

GIRAFE DU NIGER 02Girafe du Niger sous un acacia près de Kouré (Photo Roland H.)

 Les analyses ont établi que seules les girafes vivant à l’ouest du lac Tchad appartiennent à la sous-espèce G. c. peralta. Cette conclusion bouleversa les données parmi la population captive.

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Né le 16 avril 2012 au BioParc, Kaïlou (ici entouré de sa famille) a été baptisé du prénom de Kaïlou Moussa, ingénieur forestier et chargé de projets au sein de l’ASGN. Toutefois, ce girafon appartient à la sous-espèce de Kordofan (Giraffa camelopardalis antiquorum). Moins de 3.000 girafes de Kordofan subsistent dans la nature, réparties entre Cameroun, Tchad et République Centrafricaine (Photo Ph. Aquilon).

Histoire coloniale oblige, la plupart des girafes en captivité originaires du nord-ouest de l’Afrique sont hébergés dans des établissements hexagonaux. Jusqu’alors, elles étaient en général considérées comme des G. c. peralta. Depuis, leur appartenance a été reconsidérée et les spécimens concernés sont désormais reconnus comme appartenant à la sous-espèce de Kordofan.  À l’heure actuelle, aucune girafe du Niger n’est élevée en captivité en Europe.

Malgré l’augmentation de sa population, la girafe du Niger est classée «en danger» par l’IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature), c’est-à-dire confrontée à un risque très élevé d’extinction à l’état sauvage.

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Pierre Gay tiendra une autre conférence sur les girafes du Niger vendredi 19 avril 2013 à La Flèche (Sarthe).

Sources : AFP, Inter Press Service News Agency, UICN, Zootierlist

Conférence samedi 23 mars 2013 à 14 heures à la mairie de Saint-Mandé (3e étage), place Charles-Digeon. Entrée par le 3 rue de Liège, côté gauche de la mairie. Métro Saint-Mandé, bus 86 ou 325, parking payant devant l'hôtel de ville. Réservations à secas@secas.org ou au 01.40.79.56.52 (laisser un message).

Des girafes de Kordofan peuvent aujourd’hui être admirées au BioParc de Doué-la-Fontaine (49), au Cerza à Hermival-les-Vaux (14), à la Réserve africaine de Sigean (11), au Parc de Branféré (56), à Touroparc à Romanèches-Thorins (71), aux zoos de Jurques (14), de La Flèche (72), de Lyon (69), de Maubeuge (59), de La Barben (13), de Champrépus à Villedieu-les-Poêles(50), des Sables d’Olonne (85) et, d’ici un an, au futur zoo de Paris-Vincennes.

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P
En septembre 2013, un recensement effectué par l'ASGN avait dénombré 403 girafes.<br /> <br /> En septembre 2014, le ministère de l'environnement du Niger - qui n'avait pas demandé le concours de l'ASGN - était parvenu à un total de 452 animaux. Toutefois, au moins dix doublons ont eu lieu durant cette opération de comptage.<br /> <br /> Un recensement permanent des girafes blanches est donc aujourd'hui envisagé.
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