Nouvelle naissance d'un rhinocéros indien au zoo de Bâle
Avec la venue au monde de Jari, le zoo de Bâle a fêté lundi sa 33ème naissance de rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis). Un nouveau succès pour « Zolli » (le surnom que les habitants donnent à leur parc animalier) depuis le lancement du programme d’élevage de cette espèce menacée en 1956.
Affichant 60 kilos sur la bascule, ce mâle est le troisième petit de Quetta. Le nouveau-né a été baptisé Jari (« instant » en népalais) à cause de sa mise bas « fulgurante », a annoncé mercredi le zoo sur son site internet.
Ses succès dans l'élevage des rhinocéros indiens ont contribué à la notoriété mondiale de "Zolli" (photo Zoo de Bâle).
Conservatrice du zoo de Bâle, Friederike von Houwald a relaté la naissance dans les colonnes du quotidien Les Dernières Nouvelles d’Alsace : « Nous savions que Quetta allait mettre bas prochainement, mais sans connaître la date exacte, une prévision toujours difficile à réaliser avec les rhinocéros. Et lundi soir, le soigneur qui est passé voir Quetta a vu que ça n’allait pas tarder. Mais jamais lui ni personne d’autre n’aurait imaginé que vingt minutes plus tard à peine, un petit serait né. Le temps de m’appeler et que j’arrive et déjà celui que nous allions appeler Jari était sous nos yeux. Du coup, le nom a été facile à trouver.»
Afin que la mère, âgée de 19 ans, et son petit puissent récupérer de la fatigue, le pavillon des rhinocéros a été fermé au public jusqu’à la fin de la semaine.
Une vieille famille bâloise
Outre Quetta et Jari, le zoo de Bâle accueille également la mère de Quetta, Ellora (30 ans), et sa fille Henna (2 ans), ainsi que le mâle Jaffna (18 ans).
Jari est le rejeton d’une vieille famille bâloise côté maternel, puisque sa mère (née le 10 octobre 1993), sa grand-mère Ellora (née le 16 janvier 1982) et son arrière-grand-mère Tanaya (née le 24 août 1971) ont toutes vu le jour dans l’enceinte du zoo suisse. En revanche, son père Jaffna est né au Wild Animal Park de San Diego (États-Unis) le 18 mars 1994, avant d’être transféré à Bâle le 29 mars 1996.
Jari partira dans un autre zoo européen dans deux ans (photo Zoo de Bâle).
Jari connaîtra sans doute un destin similaire à celui de son géniteur : « Il va rester avec nous deux ans, puis rejoindra un zoo partenaire, sans doute en Europe même si nous ne savons pas encore où. Le garder ici serait impossible pour d’évidentes raisons de consanguinité », explique en substance Friederike von Houwald, en charge du studbook international des rhinocéros indiens, registre tenu depuis 1972 par le zoo de Bâle. Ce dernier gère également depuis 1990 le Programme européen d'élevage et de conservation (EEP) de l’espèce, dont l’équivalent américain (SSP) a été confié au San Diego Wild Animal Park.
Actuellement, entre 2.800 et 2.850 rhinocéros indiens survivent à l’état sauvage en Inde (surtout dans le nord du pays) et au Népal, selon le Rhino Specialist Group. Le braconnage pour la corne constitue l’une des principales menaces pour la survie de l’espèce. La population captive s’élevait à 158 spécimens à la fin 2006, selon le site Rhino Resource Center.
Une « Journée internationale » pour les rhinos
Inauguré le 3 juillet 1874, le zoo de Bâle, le plus ancien jardin zoologique de Suisse, accueille son premier rhino indien, un mâle dénommé Gagadhar, le 30 mai 1951. L’animal, capturé à l’état sauvage, a été importé par le marchand d'animaux Peter Ryhiner (1920-1975). Le 8 juillet de l’année suivante, Gagadhar est rejoint par Joymothi, femelle également née à l’état sauvage.
L'arrivée de Gagadhar à Bâle au printemps 1951.
Gagadhar sous la toise (photo Zoo de Bâle).
Joymothi, l'aïeule de Jari, en juillet 1953 (photos Zoo de Bâle).
À peine un an plus tard, le 14 septembre 1956, Rudra, un mâle, deviendra le premier rhinocéros indien à voir le jour en captivité (1). À l’époque, la nouvelle fait sensation dans le monde entier. Rudra devient ainsi le premier d’une longue lignée. Joymothi est d’ailleurs l’arrière-arrière-grand-mère du petit Jari !
Joymothi et Rudra, premier rhinocéros indien né en captivité, immortalisés ici en janvier 1957 (photo Zoo de Bâle).
Inaugurée en 1959, l’installation des rhinocéros indiens du zoo de Bâle est constituée d'un pavillon et de plusieurs enclos extérieurs, rénovés en 1986. Les rhinocéros bénéficient d'un vaste enclos principal, séparé du public par un fossé sec, et d'un enclos secondaire, non visible des visiteurs et utilisé pour séparer le mâle des femelles. À l'intérieur, les rhinocéros disposent de plusieurs boxes et d'un bassin.
Les installations intérieures, photographiées en août 2005.
Samedi 22 septembre sera célébrée la « Journée internationale des rhinocéros » destinée à sensibiliser le grand public à l’urgence de la protection des cinq espèces de rhinocéros encore en vie : les deux africaines - le rhinocéros blanc (Ceratotherium simum) et le rhinocéros noir (Diceros bicornis) – et les trois asiatiques - le rhinocéros unicorne ou rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis), le rhinocéros de Sumatra (Dicerorhinus sumatrensis) et le rarissime rhinocéros de Java (Rhinoceros sondaicus).
Décidément, la naissance de Jari arrive à l’ « instant » idéal !
(1) Des naissances en captivité auraient été enregistrées au XIXème siècle selon un article de Wikipédia mais je n’en ai pas trouvé conformation. Il est possible que ces éventuelles mises bas aient été le fait de femelles pleines lors de leur capture.
Sources : www.zoobasel.ch / www.leszoosdanslemonde.com / www.dna.fr / Rhinoceros unicornis, International Studbook 2008, Basel Zoo.